Des chercheurs du CUSM et des chercheurs am茅ricains arrivent 脿 des conclusions semblables, de mani猫re ind茅pendante au sujet d'une an茅mie potentiellement mortelle
Des 茅quipes de recherche ind茅pendantes, 茅tablies 脿 la Northwestern University aux 脡tats-Unis et au Centre universitaire de sant茅 McGill (CUSM) au Canada, rapportent des conclusions similaires sur une forme rare d'an茅mie, susceptible de menacer le pronostic vital, l'茅rythroblastop茅nie. Cette maladie est associ茅e 脿 l'茅rythropo茂茅tine recombinante humaine (茅po茅tine), produit fr茅quemment utilis茅 pour l'an茅mie chez des patients atteints de cancer ou des personnes en dialyse.
L'茅po茅tine a permis 脿 des centaines de milliers de patients souffrant d'insuffisance r茅nale chronique ou d'autres maladies d'茅viter les transfusions sanguines. Il s'agit du produit biotechnologique qui a connu le plus de succ猫s sur le march茅 actuellement. La formulation pr茅dominante associ茅e 脿 cette toxicit茅 rare mais grave 茅tait Eprex庐, formulation d'茅po茅tine sur le march茅 au Canada, en Europe, en Asie et en Australie, mais non aux 脡tats-Unis. Pr猫s de 200 patients atteints d'insuffisance r茅nale chronique au niveau mondial ont pr茅sent茅 une forme rare d'茅rythroblastop茅nie, dans laquelle des anticorps de l'茅rythropo茂茅tine recombinante se d茅veloppent et attaquent une hormone naturelle de l'organisme responsable de la formation des globules rouges. L'an茅mie qui en r茅sulte est grave et n茅cessite des transfusions sanguines hebdomadaires ou presque.
Dans une 茅tude publi茅e dans le num茅ro du 1er octobre 2004 du Journal of the American Society of Nephrology, le Dr Denis Cournoyer, chercheur du CUSM (脿 la division de l'H茅matologie et au Bureau de recherche 茅thique) et ses coll猫gues du Groupe d'茅tude canadien de l'茅rythroblastop茅nie (Canadian PRCA Focus Group), ont estim茅 le risque d'茅rythroblastop茅nie associ茅e 脿 l'茅rythropo茂茅tine chez des patients insuffisants r茅naux chroniques pendant la p茅riode allant de janvier 1998 脿 mars 2003. Ils ont 茅tabli qu'Eprex sans s茅rum-albumine humaine et administr茅 par voie sous-cutan茅e 茅tait associ茅 au risque le plus 茅lev茅 d'茅rythroblastop茅nie (26,9 cas sur 100 000 patients-ann茅es d'exposition). Le Groupe d'茅tude canadien de l'茅rythroblastop茅nie a conclu qu'Eprex sans s茅rum-albumine humaine 茅tait contre-indiqu茅 par voie sous-cutan茅e pour les patients atteints d'insuffisance r茅nale chronique, en raison du risque accru d'茅rythroblastop茅nie.
Selon les r茅sultats, l'administration sous-cutan茅e d'Eprex avec s茅rum-albumine humaine et du NeoRecormon pr茅sente un risque l茅g猫rement sup茅rieur 脿 certains produits d'茅rythropo茂茅tine administr茅s par voie intraveineuse. Toutefois, il n'existe actuellement aucune preuve 茅tablissant que d'autres produits d'administration sous-cutan茅e sont plus s没rs que ces deux produits. Par cons茅quent, on ne peut faire aucune recommandation 脿 l'茅gard de l'usage de produits sp茅cifiques d'茅rythropo茂茅tine, sauf d'茅viter l'usage d'Eprex sans s茅rum-albumine humaine chez des patients insuffisants r茅naux chroniques sans instrumentation intraveineuse (par exemple en pr茅dialyse ou en dialyse 脿 domicile).
Les chercheurs du Groupe d'茅tude canadien de l'茅rythroblastop茅nie ont not茅 que les r茅sultats de leur analyse devraient 锚tre pris en consid茅ration compte tenu des limitations affectant les donn茅es de pharmacovigilance. L'analyse de risque des anticorps anti-茅rythropo茂茅tine a 茅t茅 effectu茅e 脿 partir de donn茅es auto-signal茅es par les patients ou issues du marketing et non dans le cadre d'une 茅tude prospective.
Dans une autre 茅tude publi茅e dans le num茅ro du 30 septembre 2004 du New England Journal of Medicine, un chercheur, le Dr Charles L. Bennett, et des coll猫gues de la Northwestern University, du Jesse Brown Veterans Administration Hospital et d'茅tablissements en Italie et en France, ont rapport茅 que des agences nationales de sant茅 publique en Europe et au Canada ont collabor茅 avec des soci茅t茅s pharmaceutiques fabriquant l'茅po茅tine pour trouver la cause et r茅duire l'incidence de l'茅rythroblastop茅nie li茅e 脿 l'usage du m茅dicament.
Au niveau mondial, on a rapport茅 191 cas d'茅rythroblastop茅nie associ茅e 脿 l'茅po茅tine; dans 92 pour cent des cas, il s'agissait d'Eprex administr茅 par voie sous-cutan茅e 脿 des personnes en dialyse r茅nale. Bien que l'茅po茅tine soit largement utilis茅e par des patients atteints de cancer, aucun des cas signal茅s n'est survenu dans cette indication. Le nombre de cas d'茅rythroblastop茅nie associ茅e 脿 l'茅po茅tine a commenc茅 脿 augmenter de mani猫re dramatique chez les patients insuffisants r茅naux chroniques en France, en Angleterre, en Espagne et au Canada en 1998 pour atteindre un sommet en 2001 dans les trois pays europ茅ens, et en 2002 au Canada.
En 1998, la formulation d'Eprex a 茅t茅 modifi茅e, en r茅ponse aux inqui茅tudes soulev茅es par le fait que la s茅rum-albumine humaine utilis茅e dans la production du m茅dicament pouvait transmettre une variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. En outre, les pays qui enregistraient un grand nombre de cas avaient administr茅 la nouvelle formulation d'Eprex par voie sous-cutan茅e 脿 des patients en dialyse, alors que les pays qui signalaient un petit nombre de cas avaient privil茅gi茅 g茅n茅ralement la voie intraveineuse. 脌 compter de 2002 en Europe et un an plus tard au Canada, apr猫s des am茅liorations aux m茅thodes de conservation et de manipulation de l'ensemble des formulations d'Eprex et apr猫s qu'on ait recommand茅 exclusivement la voie intraveineuse dans le cas de l'insuffisance r茅nale chronique, l'incidence de l'茅rythroblastop茅nie associ茅e 脿 Eprex a chut茅 de 83 pour cent, retrouvant pratiquement les niveaux observ茅s avant 1998.
Les deux groupes de chercheurs ont commenc茅 une collaboration et suivront attentivement 脿 l'茅chelle internationale cette grave complication, pour en 茅lucider les causes manifestement multifactorielles et formuler des recommandations susceptibles d'am茅liorer l'efficacit茅 globale des 茅valuations de s茅curit茅 post-marketing de tous ces produits pharmaceutiques.