Les soins infirmiers dans un monde virtuel
Une nouvelle étude appuie l’utilisation des télésoins infirmiers pour traiter et soigner le diabète
« Sur les bateaux, les pêcheurs mangent toutes sortes de choses », déclare la professeure de sciences infirmières Antonia Arnaert. Celle-ci fait preuve d’un enthousiasme volubile quand elle parle de son plus récent projet de recherche, qui consiste à enseigner aux patients souffrant de diabète non contrôlé à utiliser les téléphones intelligents et l’Internet pour communiquer avec les infirmières responsables de surveiller leur santé.
Dans le cadre d’un projet pilote subventionné  par l’Agence de la santé publique du Canada, les patients diabétiques de quatre régions du Québec – la Basse-Côte-Nord, les Îles de la Madeleine et deux arrondissements montréalais – ont soumis quotidiennement leur taux de sucre sanguin à une infirmière, par le biais d’un site Web sécurisé. Les patients ont également répondu quotidiennement à une série de questions sur leurs activités physiques, leur régime et leurs habitudes alimentaires.
Les infirmières ont contrôlé les réponses des patients à distance et fourni le suivi approprié au besoin. Si les résultats du patient se situaient à l’extérieur de paramètres prédéterminés, les valeurs apparaissaient en rouge dans le système et une alarme était déclenchée. Les infirmières ont également envoyé aux patients du matériel éducatif pertinent pour les aider à modifier leurs habitudes et soutenir leur autotraitement.
« Les patients atteints d’une maladie chronique, comme le diabète, ou qui ont subi une chirurgie ont souvent beaucoup de questions; les médecins et infirmières n’ont pas toujours le temps d’y répondre, ajoute madame Arnaert. Mon travail consiste à développer une nouvelle méthode pour offrir des soins infirmiers, et les télésoins jouent ici un grand rôle. »
En matière de prestation de soins de santé, le télécontrôle est une avenue qui suscite de plus en plus l’attention en tant que moyen de prodiguer des soins à des patients qui vivent en région éloignée, ou dont la santé nécessite un contrôle à long terme. « Qu’on utilise la vidéoconférence ou la messagerie texte, les patients déclarent qu’ils sentent qu’ils reçoivent beaucoup d’attention de la part de leur infirmière grâce aux télésoins infirmiers, sachant qu’ils ont toute leur attention pendant une heure. Certains vont même jusqu’à soigner leur tenue vestimentaire pour la rencontre, explique madame Arnaert. Ils déclarent que le télécontrôle leur procure un sentiment de confiance dans leur capacité de traiter eux-mêmes leur condition diabétique. »
Antonia Arnaert possède plus de 20 ans d’expérience dans la conception, le développement et la prestation de services de télésoins infirmiers aux aînés et aux personnes souffrant de maladies chroniques vivant dans leur résidence. La professeure Hélène Ezer, directrice de l’École de sciences infirmières, salue la contribution qu’offrent ces travaux.  « Les projets de recherche de la professeure Arnaert sur le suivi de patients souffrant de diabète, d’hypertension, de maladie pulmonaire obstructive chronique et en fin de vie servent de tremplin à la prestation de soins à des personnes souffrant de maladies plus graves, pendant les phases de leur maladie suivant leur hospitalisation. En cette période où nous sommes confrontés à des pénuries dans toutes les professions de la santé, la mise en œuvre du télécontrôle de l’état de santé est une solution novatrice en matière de prestation de soins. L’apport d’une composante visuelle et interactive entre une infirmière et un patient maintient la relation personnalisée essentielle aux soins de santé. »
Les récents travaux de la professeure Arnaert ont été financés par l’Agence de la santé publique du Canada et gérés par les Services communautaires italo-canadiens du Québec inc. et le Réseau de l’Ouest-de-l’Île pour les services en anglais.
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RETOMBÉES ISSUES DE LA RECHERCHE
McGill s’est récemment jointe à Magellan Global Health, inc., cofondé par la professeure Arnaert, pour commercialiser des logiciels exclusifs conçus à McGill dans les domaines de la télémédecine et de la santé mobile (mSanté). Magellan fait appel à une plateforme de télémédecine interactive pour offrir des services de soins de santé et médicaux à des patients vivant en région éloignée, notamment les Autochtones, les travailleurs de plateformes de forage, les marins et les mineurs qui vivent et travaillent en région éloignée, ainsi qu’aux malades chroniques dont la santé nécessite un contrôle à long terme.
Pour la docteure Rose Goldstein, vice-principale (recherche et relations internationales), ce partenariat est prometteur. « La télémédecine et la mSanté sont des démarches créatives, novatrices et fondamentalement pratiques pour relever le défi de fournir à toute la population – partout où elle se trouve – un accès à des soins de santé abordables et efficaces, déclare-t-elle. Le partenariat entre McGill et Magellan Global Health démontre comment, en collaborant plus étroitement, les universités et l’industrie peuvent faire sortir du laboratoire des outils transformationnels comme la santé mobile pour lui confier des applications pratiques qui améliorent les soins de santé. J’aimerais remercier la professeure Arnaert pour son leadership, ainsi que l’Agence de la santé publique du Canada, les Services communautaires italo-canadiens du Québec inc. et le Réseau de l’Ouest-de-l’Île pour les services en anglais, pour leur vision, leur appui et leur financement. Je crois que le partenariat entre McGill et Magellan se traduira ultimement par de nouvelles méthodes de prestation de soins de santé qui serviront mieux notre communauté et qui conviennent mieux à notre monde interconnecté. »
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