Percer l’un des grands mystères du cerveau
Des chercheurs de McGill découvrent un lien déterminant entre l’hippocampe et le cortex préfrontal
Des chercheurs de McGill découvrent un lien déterminant entre l’hippocampe et le cortex préfrontal
L’une des clés du mystère entourant certains troubles cognitifs et mentaux pourrait mettre en jeu deux structures du cerveau que l’on croyait jusqu’à maintenant indépendantes l’une de l’autre, selon un groupe de chercheurs de l’Université McGill dirigé par la professeure Yogita Chudasama, spécialiste au Laboratoire du cerveau et du comportement du Département de psychologie. L’équipe mcgilloise a découvert l’existence d’une interaction déterminante entre deux importantes parties du cerveau : l’hippocampe – structure qui joue un rôle primordial dans les processus de mémorisation et largement étudiée par la professeure Brenda Milner dans le cadre de ses travaux sur H. M., un patient amnésique – et le cortex préfrontal, qui participe à la prise de décisions et à l’inhibition des comportements inappropriés.
« Nous avions toujours cru que l’hippocampe et le cortex préfrontal fonctionnaient de façon indépendante, précise la professeure Chudasama. Les résultats de notre plus récente étude indiquent qu’il en va autrement. »
Les chercheurs, dont la découverte a fait l’objet d’un article publié récemment dans le Journal of Neuroscience, ont démontré qu’il existe un lien déterminant entre ces deux structures cérébrales et le contrôle du comportement, ce qui pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements des troubles cognitifs et mentaux, dont la schizophrénie et la dépression. L’existence d’une interaction entre l’hippocampe et le cortex préfrontal signifie que les circuits cérébraux ne sont pas indépendants, mais qu’ils sont liés entre eux et fonctionnent comme un système.
« Même si nous savions depuis longtemps que le cortex préfrontal joue un rôle majeur dans l’organisation de nos actes, la prise de décisions judicieuses et l’inhibition des comportements inappropriés, il doit pour ce faire interagir avec l’hippocampe, explique la professeure Chudasama. Lorsque nous empêchions toute communication entre ces deux structures chez des rats – phénomène observé chez les humains qui souffrent de troubles compulsifs – ils continuaient d’afficher des comportements nuisibles, sans pouvoir les corriger ni maîtriser leurs pulsions naturelles. »
« Notre capacité à contrôler nos pulsions ou à éviter certains comportements, qui repose sur l’interaction normale entre l’hippocampe et le cortex préfrontal, nous permet d’agir normalement, que nous soyons seuls ou en société. Les résultats de notre étude jettent un nouvel éclairage sur les mécanismes neurologiques qui interviennent dans les déficits sociaux et cognitifs observés en présence de troubles cérébraux et comportementaux, notamment de démence frontotemporale », conclut la professeure Chudasama.
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