Yvan Beaussant, m茅decin, est h茅matologue, m茅decin en soins palliatifs, instructeur de m茅decine et chercheur au Dana-Farber Cancer Institute 脿 Boston. Les recherches du Dr Beaussant portent sur les interventions visant 脿 traiter la d茅tresse existentielle et psychologique grave dans le contexte d'une maladie grave, en particulier chez les patients atteints de cancer, avec un int茅r锚t particulier pour le . Avec le Dr Justin Sanders, il co-dirigera un symposium intitul茅 芦 Promoting Equity in Psychedelic-assisted Therapy in Serious Illness Care 禄 (Promouvoir l'茅quit茅 dans la th茅rapie assist茅e par les psych茅d茅liques dans le cadre des soins pour maladies graves) au en octobre prochain.
Devon Phillips (DP) : Je crois savoir que vous co-dirigez une session au Congr猫s international de soins palliatifs de McGill en octobre, intitul茅e 芦 Promoting Equity in Psychedelic-assisted Therapy in Serious Illness Care 禄 (Promouvoir l'茅quit茅 dans la th茅rapie assist茅e par les psych茅d茅liques dans le cadre des soins pour maladies graves). Quelles probl茅matiques cl茅s ont inspir茅 la planification de cette session ?
Yvan Beaussant (YB) : J'aimerais expliquer pourquoi cette session a 茅t茅 organis茅e autour des questions d'茅quit茅 et d'acc猫s aux th茅rapies psych茅d茅liques. C'est une p茅riode tr猫s excitante pour la m茅decine, et les soins palliatifs en particulier, que nous puissions recommencer 脿 茅tudier le potentiel th茅rapeutique des th茅rapies psych茅d茅liques assist茅es pour traiter la d茅tresse psycho-existentielle. La d茅tresse psycho-existentielle est un probl猫me 茅norme dans le traitement des maladies graves, et les traitements existants sont limit茅s. Or, des r茅sultats prometteurs ont suscit茅 l'enthousiasme de nombreuses personnes quant au potentiel de ces nouvelles interventions pour traiter cette souffrance.
Et pourtant, ces interventions ne sont pas nouvelles pour de nombreux peuples indig猫nes du monde entier, qui utilisent les psych茅d茅liques pour la gu茅rison et les c茅r茅monies traditionnelles depuis des lustres. Il y a l脿 une sagesse dont notre culture pourrait b茅n茅ficier si nous l'abordions avec humilit茅 et r茅ciprocit茅. De plus, 脿 travers la guerre contre les drogues et la prohibition des psych茅d茅liques, ces substances sont 茅galement li茅es au racisme syst茅mique dans notre culture. Il existe un risque de perp茅tuer un syst猫me oppressif si notre mod猫le continue 脿 se d茅velopper en extrayant les connaissances culturelles ou m茅dicales des peuples indig猫nes, ou en ne traitant pas les probl猫mes de discrimination ou d'acc猫s. Il pourrait en r茅sulter que seules les personnes blanches ais茅es puissent y avoir acc猫s, au d茅triment des populations plus d茅favoris茅es qui pourraient en fait b茅n茅ficier le plus de ces interventions.
Il y a donc une prise de conscience, en particulier dans la communaut茅 des chercheurs et des personnes qui plaident pour une nouvelle 茅tude des th茅rapies assist茅es par les psych茅d茅liques, que nous devons faire de la place pour la voix des personnes qui ont des connaissances indig猫nes sur l'utilisation et l'int茅gration des psych茅d茅liques, ainsi que celles qui ont 茅t茅 traditionnellement mal desservies ou discrimin茅es.
DP : Dans le contexte de la fin de vie et de l'utilisation de la th茅rapie assist茅e par les psych茅d茅liques, y a-t-il un avenir prometteur pour ces traitements ? Y a-t-il de bonnes recherches en cours ?
YB : Il y a des progr猫s mais pas aussi rapides que dans des domaines plus g茅n茅raux de la psychiatrie. Je pense que c'est un peu ironique parce que la recherche la plus r茅cente qui a vraiment d茅clench茅 la renaissance de la recherche psych茅d茅lique en m茅decine et dans notre soci茅t茅 est tir茅e de la recherche de 2000 et jusqu'en 2016 par Johns Hopkins, UCLA et NYU. Elle s'appuie sur des travaux r茅alis茅s sur des patients atteints de cancer, dont une partie est en fin de vie. Les r茅gulateurs et les sponsors industriels veulent tirer parti de ces r茅sultats pour passer 脿 l'茅tape suivante. Au d茅part, ils voulaient se concentrer sur la population gravement malade, mais il a 茅t茅 d茅cid茅 d'茅tudier d'abord la population g茅n茅rale souffrant de troubles d茅pressifs majeurs et de troubles de stress post-traumatique (TSPT). Les recherches les plus avanc茅es portent donc actuellement sur la th茅rapie assist茅e par la MDMA pour le TSPT, et sur la th茅rapie assist茅e par la psilocybine pour les troubles d茅pressifs majeurs.
Dans le domaine des soins palliatifs, il y a eu beaucoup d'int茅r锚t et des personnes se sont r茅unies pour r茅fl茅chir 脿 la fa莽on de faire avancer le sujet. Justin Sanders et moi-m锚me avons organis茅 un s茅minaire de deux jours 脿 Harvard en 2020 pour r茅unir des chercheurs dans le domaine des soins aux personnes atteintes de maladies graves, ainsi que des personnes travaillant dans diff茅rents domaines pertinents pour la recherche sur les psych茅d茅liques dans les soins aux personnes atteintes de maladies graves. L'objectif 茅tait de d茅finir les priorit茅s et d'茅tablir un .
Il y a eu des efforts de ce type, mais aussi un certain nombre de petits essais initi茅s par des chercheurs qui sont en cours et qui sont tr猫s importants pour 茅tudier des populations sp茅cifiques ou des modalit茅s de traitement sp茅cifiques. Ces 茅quipes font avancer des 茅tudes de recherche sur un seul site qui vont apporter des r茅ponses pr茅liminaires 脿 certaines des questions de faisabilit茅 qui se posent dans le domaine, telles que : Pouvons-nous traiter une certaine population ? Quelles sont les modalit茅s de traitement possibles ?
Ce dont nous avons 茅galement besoin, ce sont des essais cliniques multisites de plus grande envergure qui confirmeront l'efficacit茅 dans la population des patients en fin de vie et fourniront les preuves dont nous avons besoin pour d茅finir r茅ellement les normes de soins et obtenir les autorisations r茅glementaires pour pouvoir traiter les patients. Certains travaux sont en cours pour y parvenir, mais ils sont bien s没r beaucoup plus co没teux et difficiles 脿 mettre en place.
DP : C'est la premi猫re fois que nous avons un s茅minaire d茅di茅 脿 l'assistance psych茅d茅lique au Congr猫s international des soins palliatifs de McGill. Quel r茅sultat visez-vous ?
YB : Une chose qui est vraiment importante est de d茅finir des orientations sur le type de th茅rapie assist茅e par les psych茅d茅liques que nous allons d茅velopper, pour s'assurer qu'elle est inform茅e par des repr茅sentants de toutes les cultures qui composent notre soci茅t茅. Nous devons nous assurer que les preuves que nous construisons dans la th茅rapie assist茅e par les psych茅d茅liques refl猫tent les besoins de notre population multiculturelle. Et qu'est-ce que cela implique ? Comment devons-nous penser 脿 la conception des protocoles, au processus th茅rapeutique, 脿 qui fournit la th茅rapie, o霉, quels sont les dipl么mes, la formation et les comp茅tences requises ? J'esp猫re que nous pourrons soulever ces questions importantes et inciter les chercheurs et les 茅quipes 脿 les garder 脿 l'esprit lorsqu'ils s'engagent dans la recherche.
DP : Nous sommes ravis que vous fassiez partie du Congr猫s de cette ann茅e. Avez-vous h芒te de pr茅senter ces questions importantes 脿 un public international ?
YB : Je suis tr猫s enthousiaste 脿 l'id茅e de venir. Et je suis tr猫s enthousiaste 脿 l'id茅e que la communaut茅 des soins palliatifs ait cette opportunit茅, surtout apr猫s la COVID. Se r茅unir en personne en tant que communaut茅 des soins palliatifs, au niveau international, va 锚tre tr猫s agr茅able. Je suis 茅galement ravi et reconnaissant que le congr猫s fasse de la place pour le symposium sur les th茅rapies psych茅d茅liques assist茅es avec une attention particuli猫re pour l'茅quit茅 et l'acc猫s.
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