Partout au Canada, les entreprises cherchent des façons de s’adapter aux défis que posent les changements climatiques. Même s’il est urgent de se tourner vers le développement durable, les progrès peuvent paraître lents et coûteux aux yeux des petites et moyennes entreprises (PME). Lors de la première Table ronde des PME organisée par ±ô’Initiative de croissance durable (ICD) de ±ô’Université McGill, des chercheurs et chercheuses ainsi que des membres du milieu ont tenté de répondre à cette question centrale : comment les PME peuvent-elles relever les défis qu’elles rencontrent dans leur transition vers une croissance durable?
, directeur de ±ô’ICD, a prononcé ±ô’allocution d’ouverture. Il y a présenté le cadre interfacultaire de ±ô’Initiative, qui mise sur la collaboration pour résoudre les problèmes actuels auxquels sont confrontées les entreprises. « L’objectif de ±ô’ICD consiste à mobiliser les talents et ±ô’expertise à ±ô’Université McGill pour aider les entreprises à adopter des modèles d’affaires durables sur le plan social et environnemental », explique le professeur Nasiry. La mobilisation des corps professoral et étudiant, des leaders du secteur et des responsables politiques ainsi que le partage d’information entre ces groupes contribuera grandement à façonner ±ô’avenir des entreprises au Canada.
Pourquoi les PME sont-elles essentielles pour ±ô’avenir de ±ô’économie canadienne?
« Les PME sont ±ô’épine dorsale de ±ô’économie canadienne tant du côté des chiffres que de leur contribution », soutient , professeur en commerce international et marketing à la Faculté de gestion Desautels de ±ô’Université McGill. Soulignant les défis environnementaux, sociaux et de gouvernance auxquels sont confrontées les PME canadiennes sur le marché intérieur, le professeur Etemad a mis en lumière leur rôle dans le contexte actuel. Les PME, qui contribuent à hauteur de 50,4 % au produit intérieur brut, sont essentielles à ±ô’économie du Canada. Elles emploient la majeure partie de la main-d’œuvre totale du secteur privé, soit 88 %, et elles présentent de toutes les entreprises au pays.
Comme les PME exercent une influence importante sur ±ô’économie canadienne, nous devons en tenir compte dans les plans pour un avenir durable. Dans son discours d’ouverture, Anne-Josée Laquerre, co-initiatrice de , s’est penchée sur les progrès et les revers des PME québécoises sur la voie d’une économie à faibles émissions de carbone. « Les PME doivent impérativement se doter d’un plan de transition », affirme Mme Laquerre. La voie qu’elles emprunteront peut différer, mais elles devront adopter des mesures pour réduire les gaz à effet de serre et remplacer les modèles traditionnels non durables. Elles ne peuvent se contenter d’ajuster leur modèle d’affaires. « L’avenir est beaucoup plus complexe. Certaines entreprises devront régénérer les ressources utilisées, et la majorité d’entre elles devront réduire leurs chaînes d’approvisionnement », explique Mme Laquerre.
Depuis 2016, Québec Net Positif mène des recherches en plus de mobiliser et d’outiller les PME à ±ô’échelle de la province. Pour ce faire, ±ô’organisme met à leur disposition les connaissances et les qui leur permettront d’atténuer les effets négatifs de la perturbation des chaînes d’approvisionnement et les aideront à lancer leurs propres initiatives en faveur de ±ô’environnement. Ce laboratoire d’idées indépendant à but non lucratif a récemment publié son , qui fournit des données stratégiques sur ±ô’action climatique des entreprises en 2022-2023.
Qu’est-ce qui motive les PME à amorcer la transition vers un avenir durable ?
C’est la pression citoyenne qui explique en majeure partie ce mouvement vers un avenir durable. En effet, par Québec Net Positif ont nommé les préoccupations liées à la crise climatique comme source de mobilisation. Les personnes qui travaillent pour les PME tendent à exercer la plus forte pression en faveur de pratiques durables. Selon Mme Laquerre, même si le manque de littératie climatique et la hausse des coûts constituent les principaux obstacles, le gouvernement du Québec semble prêt à intervenir, ce qui est une excellente nouvelle. « Quatre-vingt-six pour cent des dirigeants et dirigeantes du Québec veulent agir et faire changer les choses », mentionne-t-elle.
Le personnel est au cÅ“ur du mouvement climatique dans la structure des PME, c’est pourquoi il faut avant tout mettre ±ô’accent sur les personnes., professeure à la Faculté de gestion Desautels et directrice scientifique du Centre de convergence de la santé et de ±ô’économie de ±ô’Université McGill (CCSEUM), croit en ±ô’aspect humain du changement systémique. À mesure que la littératie climatique et le nombre de personnes qui militent en faveur d’un changement augmenteront, les projets commerciaux placeront de plus en plus le personnel et ±ô’employeur à ±ô’avant-plan. Mme Dubé explique : « Nous devons accorder la priorité aux êtres humains et leur donner une place centrale dans le système que nous concevons. »
Comment les PME peuvent-elles aller de ±ô’avant ?
Bon nombre de PME ont déjà ±ô’habitude de s’adapter rapidement à une réalité en constante évolution et de devoir compter sur une collaboration dans le milieu pour insuffler le changement.
Selon ±ô’ensemble des panélistes, la technologie constitue un défi important dans la transition vers des modèles durables, mais elle est aussi une source de solutions potentielles. , directeur du programme de maîtrise en analytique de gestion de la Faculté de gestion Desautels de ±ô’Université McGill et cofondateur , qui se spécialise dans les solutions logicielles avancées de planification et d’ordonnancement, a souligné ±ô’importance de partager les ressources entre les PME et de les aider dans leur cheminement vers la durabilité.
Jonathan L. Bélanger, fondateur de , une épicerie en ligne, a exposé les difficultés rencontrées par les entreprises comme la sienne et les économies agricoles. Selon lui : « Tout est un défi. Il faut assurer la fraîcheur, des livraisons rapides, des interfaces accessibles et plus encore. La technologie évolue sans cesse. »
Véronique Beaulieu-Fowler, directrice du développement philanthropique des , a mentionné un autre défi, soit celui de trouver des innovations durables pour combattre ±ô’insécurité alimentaire. « Aux Banques alimentaires du Québec, nous innovons et revoyons sans cesse nos modèles pour réduire le gaspillage de nourriture », affirme Mme Beaulieu-Fowler. Le réseau unifié des BAQ regroupe 19 banques au Québec et 1 300 organisations affiliées. Chaque mois, il remet des dons de nourriture à une personne sur dix au Québec. En plus de lutter contre ±ô’insécurité alimentaire, son Programme de récupération en supermarchés ainsi que d’autres initiatives ont permis de récupérer de denrées en une année.
Le concept de durabilité dans le contexte des marchés mondiaux de ±ô’alimentation pousse les entreprises ainsi que les consommateurs et consommatrices à réfléchir au véritable coût du commerce international. Inc., un importateur local, s’est donné pour mission de combattre les problèmes endémiques des faibles salaires et des conditions de travail déplorables dans le commerce de la banane. Jennie Coleman, présidente d’Equifruit, a critiqué la faible proportion de bananes certifiées équitables vendues à ±ô’échelle mondiale. Selon elle, ±ô’augmentation des prix pourrait résoudre le problème. « Les bananes ne devraient pas être aussi bon marché, explique-t-elle. Il suffirait d’une hausse de moins de 10 $ par année [par personne] pour obtenir une chaîne d’approvisionnement équitable. »
, professeure adjointe en marketing à HEC Montréal, a soulevé un autre aspect international dans la réflexion collaborative lors du panel des PME. Dans le cadre d’une étude sur les répercussions du Brexit, de la COVID-19 et des changements climatiques dans le domaine de la mode au Royaume-Uni, Mme Bonetti a évalué dans quelle mesure les décisions du gouvernement britannique différaient de celles du Canada et des États-Unis. Les PME dans le secteur de la mode sont confrontées à de nombreux défis. « Nous devons trouver des façons de réduire le transport des produits. Il faut aussi se doter de plans de développement des compétences. Avec ±ô’adoption du Brexit, il est devenu très difficile d’attirer des talents au pays », résume Mme Bonetti.
Et ensuite ?
Depuis ±ô’adoption par le Canada du , il est évident que la transition vers une économie durable repose sur la collaboration des grandes entreprises et des PME. Felipe Almeida, chercheur principal à Microsoft Éducation et codirecteur du Green Design Lab de Microsoft, soutient qu’on nuit à ±ô’atteinte des objectifs de développement durable en ne faisant aucune distinction dans le traitement des PME et des grandes entreprises et en choisissant de conserver les modèles actuels, soit deux attitudes largement répandues. « Il faut mettre fin au discours prônant une croissance infinie. Cette mentalité n’est plus viable pour la planète, commente-t-il. Il faut changer les choses. En continuant de mener nos activités comme le font les grandes entreprises, nous allons tout droit vers le précipice. » À mesure que les entreprises revoient leur structure et adoptent des modèles durables à ±ô’échelle mondiale, les PME doivent se pencher sur leurs rôles et leurs besoins uniques. Les forums de discussion et les plateformes de partage de connaissances, en ligne ou en personne, détermineront la vitesse avec laquelle les entreprises intégreront ±ô’économie durable ainsi que leur taux de succès.
L’engagement de la Ville de Montréal à investir dans le projet du Canal de Lachine 4.0 est un exemple de ±ô’appui de la Ville à des initiatives créatives et durables. Daphne Ferguson, directrice du développement industriel et durable à , a mis en lumière les défis des PME ainsi que les mesures proposées pour les soutenir dans leur transition écologique. Sa présentation axée sur ±ô’avenir mettait de ±ô’avant les avantages économiques et environnementaux d’une revitalisation des centres industriels dans ±ô’arrondissement du Sud-Ouest.
En ce qui concerne les contributions provinciales aux objectifs de développement durable nationaux, Mme Laquerre se réjouit de ±ô’accès du Québec à une énergie renouvelable et à un écosystème d’affaires agile. Certains territoires possèdent une capacité supérieure aux besoins locaux et accélèrent ainsi la transition planétaire vers une économie à faibles émissions de carbone. « Si toute la planète doit réduire ses émissions de carbone d’ici 2030, certaines parties prenantes devront mettre les bouchées doubles.
Cet article a été rédigé par Ariella Kharasch.