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Vers une renaissance de l’enseignement

Il est temps de valoriser l’enseignement en éducation en sciences de la santé, en créant l’espace et le temps nécessaires à un enseignement et à une réflexion authentiques, a proposé le professeur Erik Driessen au cours de sa récente visite à l’Université McGill.

Le Pr Driessen est rédacteur en chef de la revue Perspectives on Medical Education, professeur d’éducation médicale et directeur du Département de développement et de recherche pédagogiques à la Faculté de santé, médecine et sciences de la vie de l’Université de Maastricht.

Sa communication publique s’inscrivait dans la série des Conférences d’éducation en sciences de la santé, nouvellement renommée et coorganisée par le Bureau de la formation professorale et le nouvel Institut d’éducation en sciences de la santé.

Devant une salle comble au Pavillon McIntyre, le Pr Driessen a donné la conférence principale de sa visite, appelant les dirigeants à dessiner l’avenir de l’éducation en sciences de la santé de sorte en donnant aux enseignants un rôle central.

L’industrialisation de l’éducation en sciences de la santé

À travers des références à l’art et à la politique, entrelacées de récits personnels, le Pr Driessen a tracé avec l’auditoire l’évolution de l’enseignement et de l’éducation en sciences de la santé, des années 1990 à aujourd’hui.

Selon lui, le virage vers l’évaluation par liste de contrôle s’est fait aux dépens de l’enseignement et de l’apprentissage. L’évaluation est devenue le moteur de l’apprentissage, dans une nouvelle vision économistique où l’on risque de s’éloigner de l’humanisme et de l’apprentissage authentique. Il y a de moins en moins de place à la réflexion dans ce modèle, qui s’inscrit dans un milieu à forte intensité orienté sur le service et très exigeant sur le plan clinique.

« Nous avons industrialisé l’éducation en sciences de la santé », a dit le Pr Driessen. « Cela a pour effet d’isoler les enseignants des apprenants et des autres enseignants. Il serait bon de rétablir les liens entre enseignants, et entre apprenants et enseignants. »

Le Pr Driessen a cité le cours Apprentissage du rôle du médecin, à l’Université McGill, comme un excellent exemple de ce type de démarche. Échelonné sur les quatre ans d’études en médecine, le programme crée des liens entre les étudiants et un groupe de médecins en exercice et de membres du corps professoral qu’on appelle les « mentors dans la tradition d’Osler ». Unique à McGill, ce cours est axé sur le double rôle du médecin comme soignant et comme professionnel, et explore les enjeux comme le professionnalisme et le besoin de promouvoir une approche de l’apprentissage centré sur le patient.

« Il est important de créer un milieu et une culture où l’on reconnaît l’enseignement de qualité », a poursuivi le Pr Driessen. « La clé d’un bon enseignement clinique est la relation de confiance entre l’apprenant et l’enseignant. Or, ce lien fait souvent défaut dans l’enseignement clinique actuel parce que les apprenants et les enseignants se connaissent à peine. »

Un appel à une renaissance de l’enseignement

L’enseignement et l’apprentissage doivent connaître une renaissance, avance le Pr Driessen, en appelant à un avenir où les enseignants seraient reconnus à la hauteur de leur immense valeur.

« Pour améliorer l’enseignement clinique, il faut changer le système, rebâtir les ponts entre enseignants et apprenants et, surtout, faire honneur à nos enseignants », a-t-il ajouté.

Selon le Pr Driessen, cette vision implique notamment de dissocier l’observation des soins aux patients et de l’évaluation, d’utiliser des situations de routine pour enseigner, de réserver du temps explicitement à l’enseignement, d’encourager les relations d’enseignement longitudinales, et de favoriser la création de communautés et d’équipes permettant une réflexion et un apprentissage collectifs.

Lors d’une réunion des membres de l’Institut d’éducation en sciences de la santé, plus tôt au cours de sa visite, le Pr Driessen a animé une riche discussion sur l’importance de la réflexion. Il a également animé un atelier avec des mentors dans la tradition d’Osler, proposant des stratégies de mentorat qui permettent de soutenir l’apprentissage des étudiants au moyen d’un dialogue réflexif.

« La réflexion est essentielle, pour apprendre de ses erreurs, au lieu d’apprendre ses erreurs », souligne le Pr Driessen. « Elle est aussi importante pour en apprendre davantage sur soi-même. »

Parlant de sa visite en termes très élogieux, le Pr Driessen en tire de nouvelles idées qu’il compte bien rapporter à la maison.

« J’ai adoré ma visite à McGill », dit-il. « Même si un océan sépare Maastricht et Montréal, j’ai observé de nombreux points communs entre nos deux villes. Nous comptons des groupes solides d’éducation en sciences de la santé qui durent dans le temps et qui conjuguent le développement pédagogique et la recherche. »

La visite du Pr Driessen a eu pour fil directeur le sentiment profond d’humanisme qui sous-tend l’éducation en sciences de la santé. Amateur de littérature et de musique canadiennes, dont les œuvres de Joni Mitchell et de Leonard Cohen, et passionné d’art culinaire, le Pr Driessen a partagé son appréciation de la vie et de la poursuite de l’excellence en enseignement et en recherche.

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