Si vous demandez 脿 quelqu鈥檜n de d茅crire les maladies de Charcot-Marie-Tooth (CMT), vous risquez de voir un regard d鈥檌ncompr茅hension. Les CMT sont des troubles neurologiques 茅volutifs h茅r茅ditaires qui touchent environ un Canadien sur 2 500; il s鈥檃git donc de maladies rares, comme la scl茅rose lat茅rale amyotrophique (SLA) et la maladie de Parkinson (MP).
Alors que le Neuro souligne la Journ茅e des maladies rares le 29 f茅vrier, ses neurologues et chercheurs donnent de l鈥檈spoir 脿 quelque 14 000 patients canadiens atteints de CMT, des maladies pour lesquelles il n鈥檈xiste encore aucun rem猫de ni traitement efficace.
Les CMT doivent leur nom aux trois m茅decins du 19e si猫cle qui les ont caract茅ris茅es pour la premi猫re fois : Jean-Martin Charcot, Pierre Marie et Howard Henry Tooth. Ce sont des troubles h茅r茅ditaires qui affectent les nerfs des muscles et des organes sensoriels. Les personnes atteintes ressentent les premiers sympt么mes durant l鈥檈nfance ou l鈥檃dolescence (faiblesse des pieds et du bas des jambes, d茅formation des pieds, d茅marche maladroite), suivis plus tard de l鈥檃myotrophie des mains. Les CMT peuvent aussi causer des difficult茅s 脿 respirer, avaler et parler, ainsi que des douleurs l茅g猫res 脿 intenses. Ces maladies ne sont pas fatales, mais elles sont 茅volutives, ce qui signifie que les sympt么mes s鈥檃ggravent au fil du temps.
芦 La plupart des gens pr茅sentent des sympt么mes l茅gers pendant plusieurs ann茅es avant de se d茅cider 脿 chercher de l鈥檃ide 禄, explique le Dr Rami Massie, un neurologue qui traite plus de 200 patients atteints de CMT au Neuro et dans une clinique de neuropathie de l鈥橦么pital g茅n茅ral de Montr茅al.
Les CMT sont class茅es en fonction de leur effet sur les axones, les longs prolongements qui relient les cellules nerveuses. Le type le plus fr茅quent, CMT1, touche la gaine de my茅line protectrice qui entoure l鈥檃xone. Dans le cas de la forme CMT2, c鈥檈st l鈥檃xone lui-m锚me qui est affect茅.
Pour trouver la cause des CMT, il faut analyser les nombreuses mutations dans les g猫nes qui produisent les prot茅ines formant les axones ou la my茅line. Plus de 100 g猫nes ont 茅t茅 associ茅s aux CMT, ce qui complique la recherche d鈥檜n traitement ou d鈥檜n rem猫de efficace pour tous les patients.
芦 Une mutation g茅n茅tique appel茅e PMP22 est en cause dans 70 % des cas de CMT1, pr茅cise le Dr Massie. Dans le pass茅, quand nous ne pouvions chercher que quelques mutations 脿 la fois, il 茅tait tr猫s difficile de d茅terminer l鈥檕rigine g茅n茅tique. Aujourd鈥檋ui, cependant, nous pouvons examiner jusqu鈥櫭� 600 g猫nes en m锚me temps et chercher une mutation pr茅cise chez un plus grand nombre de patients. Dans les cas de CMT1, nous trouvons presque toujours la mutation. Cela dit, dans environ la moiti茅 des cas de neuropathie h茅r茅ditaire, nous n鈥檃rrivons pas 脿 trouver la cause. 禄
Le Dr Massie s鈥檈st alli茅 脿 un coll猫gue de McGill, le Pr Benoit Gentil, pour chercher des biomarqueurs pouvant clarifier les mutations g茅n茅tiques.
芦 Parfois, nous cherchons des mutations, mais nous ne savons pas encore si elles sont pathog猫nes ou non, souligne le Dr Gentil. Nous offrons des fa莽ons de d茅terminer si les mutations sont pathog猫nes. 禄
Les Drs Gentil et Massie ont d茅couvert des liens g茅n茅tiques intrigants chez un homme qui a commenc茅 脿 pr茅senter des sympt么mes de CMT 脿 l鈥檃dolescence et qui est aujourd鈥檋ui quadripl茅gique 脿 l鈥櫭e de 52 ans. L鈥檋omme a une forme rare de la maladie appel茅e CMT4J, associ茅e 脿 une mutation du g猫ne FIG4. Le Dr Gentil a fait une biopsie cutan茅e pour mettre en 茅vidence des biomarqueurs de la maladie dans les cellules de la peau et concevoir des mod猫les neuronaux 脿 茅tudier. Il a aussi utilis茅 ces cellules pour 茅tudier le r么le du g猫ne TRPV4, qui cause la forme CMT2. Ses recherches ont montr茅 que TRPV4 favorisait l鈥檈xpression de traits pathologiques caus茅s par les听mutations du g猫ne FIG4. Cette d茅couverte laisse penser qu鈥檈n inhibant TRPV4, il pourrait 锚tre possible de mettre au point un traitement efficace pour cette forme de CMT.
芦 Il y a tellement de formes de CMT qu鈥檌l faudra adopter une approche de m茅decine personnalis茅e, pr茅dit le Dr Gentil. On ne trouvera vraisemblablement pas de panac茅e pour toutes ces formes; il faut s鈥檃ttaquer 脿 une forme 脿 la fois. 禄
Malgr茅 les difficult茅s, le Dr Massie entrevoit un avenir prometteur pour la recherche sur les CMT et la possibilit茅 de trouver des traitements efficaces, surtout pour les patients atteints de CMT1.
芦 Nous devons concevoir de nouvelles fa莽ons d鈥檃nalyser les g猫nes des patients par s茅quen莽age du g茅nome entier 脿 la recherche d鈥檜n nombre encore plus grand de g猫nes et de g猫nes qui ne sont pas toujours exprim茅s. D鈥檃utres types d鈥櫭﹖udes se pencheront sur la cause de ces neuropathies h茅r茅ditaires qui demeurent un myst猫re. 禄
Le Neuro, un chef de file en recherche sur les maladies rares
Un Canadien sur 12 est atteint d鈥檜ne maladie rare. De ces maladies, 80 % sont d鈥檕rigine g茅n茅tique et 75 % sont des affections neurologiques. Ces derni猫res ann茅es, le Neuro a mis l鈥檃ccent sur les maladies rares, avec l鈥檈mbauche d鈥檈xperts et l鈥檃cquisition de ressources technologiques pour le traitement d鈥檜n volume sans cesse croissant de donn茅es et tests g茅n茅tiques. 脡tablissement de science ouverte qui offre un acc猫s libre 脿 ses donn茅es 脿 la communaut茅 scientifique et m茅dicale, le Neuro d茅sire acc茅l茅rer le rythme des d茅couvertes et ainsi aider 脿 mettre au point de nouveaux traitements pour les affections neurologiques dans un avenir proche. En tant que chef de file mondial en recherche et traitement, le Groupe d鈥櫭﹖ude sur les maladies neurologiques rares du Neuro joue un r么le cl茅 dans la prise en charge des besoins en mati猫re de soins de sant茅 des patients, au Qu茅bec et ailleurs. Le Neuro planifie d鈥櫭﹍argir ses services 脿 un encore plus grand nombre de patients atteints de maladies rares.
En plus des CMT, le Neuro 茅tudie en profondeur d鈥檃utres maladies rares. Le Dr Bernard Brais, codirecteur du Groupe d鈥櫭﹖ude sur les maladies neurologiques rares, est un sp茅cialiste des maladies rares 脿 effets fondateurs au Qu茅bec. Le Dr Edward Fon, directeur scientifique du Neuro, 茅tudie les g猫nes causant la maladie de Parkinson. Eric Shoubridge, un expert des mitochondries, travaille sur la fonction d鈥檜n g猫ne appel茅 SLC25A46 qui est associ茅 脿 divers troubles neurologiques, dont le syndrome de Leigh. Le Dr Guy Rouleau, directeur du Neuro, a 茅t茅 un pionnier dans la d茅couverte de g猫nes 脿 l鈥檕rigine de maladies rares. La Pre Heather Durham 茅tudie les m茅canismes cellulaires 脿 l鈥檕rigine des maladies des motoneurones comme la SLA.
Les patients des cliniques sp茅cialis茅es du Neuro ont acc猫s aux tests g茅n茅tiques et aux traitements les plus r茅cents. Cette ann茅e, par exemple, le Neuro a commenc茅 脿 offrir Spinraza, un m茅dicament qui venait d鈥櫭猼re approuv茅 au Qu茅bec pour les patients atteints d鈥檃myotrophie spinale.
