Deux semaines. C’est le court laps de temps qu’il a fallu au personnel, aux administrateurs et aux professeurs de McGill pour adapter quelque 2 000 cours de la session d’hiver afin qu’ils puissent être suivis à distance.
Lorsque le gouvernement du Québec a annoncé une interruption des activités à la grandeur de la province, à la mi-mars, McGill disposait d’une période de deux semaines de suspension des cours pour se préparer à enseigner en respectant les règles d’éloignement physique. Le 30 mars, les cours ont repris à distance.
Ce tour de force, à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire de l’Université, est le résultat d’un formidable effort de collaboration et de créativité de la part d’une communauté déterminée à avancer, malgré les bouleversements provoqués par une crise sanitaire qui laissera des traces.
Forts de cette expérience, nous pourrons veiller à ce que les étudiants poursuivent leurs études sans heurts et de n’importe où dans le monde pendant la qui, selon toute vraisemblance, se déroulera à distance.
L’adaptation à une nouvelle réalité
« Au cours des dernières semaines, la capacité de tous à s’adapter en dépit des bouleversements causés par la pandémie de COVID-19 n’a cessé de m’impressionner, déclare Chris Buddle, vice-principal exécutif adjoint (enseignement et programmes d’études). Nous avons réussi à favoriser la souplesse et la créativité, sans jamais compromettre la qualité de notre enseignement. »
Laura Winer, directrice du Centre d’enseignement supérieur, a joué un rôle essentiel dans la transition. En étroite collaboration avec ses collègues, elle a fait en sorte que les étudiants vivent l’expérience d’apprentissage la plus positive et la plus enrichissante possible, malgré le peu de temps qu’il restait.
Rapidement, Laura Winer et son équipe ont rehaussé la capacité technologique de l’Université, notamment en se procurant 2 200 licences Zoom à toute vitesse afin que les cours puissent être donnés à distance.
Elles ont également créé un cadre souple, adaptable en fonction des cours et des besoins, afin de guider les enseignants dans leurs tâches – examens finaux, attribution des notes, gestion des contraintes imposées par les différents fuseaux horaires.
« L’offre de McGill est si diversifiée qu’il était impossible de créer une solution unique pour l’ensemble des cours, précise Laura Winer, mais les étudiants semblent avoir beaucoup aimé que l’Université fasse tous ces efforts pour qu’ils puissent terminer leur session. »
Le fruit de la collaboration
Chris Buddle et Laura Winer s’entendent pour dire que la collaboration entre toutes les unités de McGill – Affaires étudiantes, Gestion de l’effectif étudiant, Bureau des études à l’étranger, Services aux étudiants, Services des TI et plusieurs autres – a été déterminante dans la transition vers une offre de cours à distance.
« L’ampleur de la tâche est sans précédent, fait remarquer Chris Buddle. C’est vraiment inspirant de voir tous les membres de la communauté universitaire se serrer les coudes durant cette crise. »
Laura Winer précise que cet esprit de collaboration va bien au-delà des campus de McGill. Des universités de partout au Canada et d’ailleurs dans le monde ont maintenu une communication constante pour partager idées et solutions.
« Nous avons eu des discussions régulières avec des collègues d’un bout à l’autre du pays. J’ai aussi parlé avec le représentant d’une université de Hong Kong, où tous les cours se donnaient à distance depuis l’automne à cause de manifestations politiques, ajoute-t-elle. La communication était excellente; c’était étonnant de constater toute cette générosité dans le partage des ressources et des meilleures pratiques. »
Les étudiants qui maîtrisent bien la technologie ont rapidement trouvé leurs marques, mais certains professeurs de McGill ont eu besoin d’un peu d’aide pour apprendre à utiliser les outils virtuels.
À la Faculté de droit, le professeur Sébastien Jodoin, adepte des nouvelles technologies, a dirigé des ateliers virtuels pour aider ses collègues à apprivoiser les nouveaux outils. « Ça m’a fait plaisir de les épauler durant cette période de transition rapide, affirme le Pr Jodoin. J’ai eu l’impression d’apporter ma petite contribution à la gestion de la crise. »
De la salle de classe à Zoom
Nikolas Provatas, professeur au Département de physique, faisait déjà appel à la technologie dans le cadre de ses cours. Depuis dix ans, il utilise des outils en ligne pour partager des exposés préenregistrés, des questionnaires, des travaux hebdomadaires et des documents. Le passage à un enseignement exclusivement en ligne ne lui a donc pas fait peur.
« J’ai toujours été attiré par une solution de ce genre; la crise de la COVID-19 a en quelque sorte accéléré les choses, confie-t-il. Tout a continué à bien se dérouler sur Zoom; en fait, les choses se sont même améliorées. Comme ma classe compte près de 600 personnes, l’enseignement se passe beaucoup mieux en ligne qu’en classe. Je gagne du temps. Je ne reviendrai pas à l’ancienne méthode. »
Face à une classe aussi nombreuse, le Pr Provatas a dû se montrer créatif pour maintenir la motivation de ses étudiants à distance. Il a décidé de se prêter à une expérience dans son cours de cycle supérieur PHYS 657 (physique de la matière condensée). Il a divisé la classe en petits groupes de deux ou trois étudiants dans Zoom et a désigné pour chacun un responsable chargé de faire un compte rendu des séances de travail collaboratif. L’idée a si bien fonctionné qu’il utilisera cette approche pour mentorer sa classe de 600 étudiants au premier cycle pendant les tutorats de résolution de problèmes la session prochaine.
Les aspects positifs à retenir
Le Pr Provatas estime qu’on peut tirer de précieuses leçons de cette expérience inédite d’enseignement à distance, et il espère que les étudiants pourront en profiter.
« J’encourage les étudiants à adopter ce mode d’apprentissage souple, qui peut les aider à mieux gérer leur temps. Et si nous arrivons à mettre en place une méthode rigoureuse, cette nouvelle approche pédagogique pourrait même s’avérer plus efficace que l’actuelle. »
Le Pr Provatas admet qu’il est difficile de remplacer les interactions en personne et de ne pas pouvoir se fier au langage corporel et aux expressions faciales. Il demandait donc à tous ses étudiants d’activer leur caméra de temps en temps afin de préserver une certaine cohésion sociale.
« Plusieurs personnes étaient en pyjama. Je leur ai demandé de porter une chemise la prochaine fois, dit-il en riant. Mais tous les étudiants étaient souriants, et j’avais parfois ma perruche avec moi. En temps de crise, nous formons une sorte de famille. »
Session d’automne en préparation
Chris Buddle ajoute qu’en prévision de la session d’automne, les dirigeants et le personnel enseignant de l’Université travaillent sans relâche à la création de cours dans lesquels tous les étudiants, qu’ils vivent à Montréal ou à l’autre bout du monde, retrouveront « toute la rigueur à laquelle ils s’attendent ainsi que la souplesse dont ils auront besoin ».
L’Université organise également des activités qui se tiendront à distance, notamment des séminaires, des conférences, des tutoriels, des ateliers ou encore des clubs de lecture.
« Nous tendrons l’oreille et veillerons à ce que toutes les voix soient entendues », conclut Chris Buddle.
Cet article a été rédigé par Justin Dupuis et Sarah Huzarski.