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Les études en temps de pandémie

Une session d’hiver sous le signe des études et des activités à distance pour les étudiants de McGill

Nous nous rappellerons longtemps de 2020 comme de l’année où un virus invisible a mis le monde à genoux.

La période de confinement a certes été difficile, mais elle a également fait ressortir la résilience, l’ingéniosité et l’esprit communautaire extraordinaires de gens de partout dans le monde. Et la communauté mcgilloise ne fait pas exception.

Après l’annonce par le gouvernement du Québec de l’interruption des activités à la grandeur de la province, l’Université a réussi, en deux semaines à peine, à adapter plus de 2 000 cours afin qu’ils puissent être suivis à distance. Et les étudiants ont rapidement trouvé leurs marques.

Le bon côté des choses

Étudiant international de Shanghai, Jacob Tian en est à sa première année d’un baccalauréat ès sciences en statistique et en informatique à McGill. Il espérait pouvoir rentrer chez lui pour vivre le confinement avec sa famille, mais lorsque les vols internationaux ont été annulés au début mars et qu’il a dû se résigner à rester à Montréal, Jacob a décidé de tirer le meilleur parti de la situation. Et il a bien aimé son expérience d’apprentissage à distance.

« J’ai pu m’initier à différentes façons d’étudier. Habituellement, tout va si vite. Là, j’avais le temps de faire des lectures avant chaque cours, ce qui me mettait en confiance », se rappelle-t-il.

Bien sûr, les contacts humains lui ont manqué – et ce sera aussi le cas durant la session d’automne puisque les cours seront toujours donnés à distance – mais Jacob retient beaucoup de choses positives.
« J’y ai vu beaucoup d’avantages. J’avais un horaire plus souple et moins de stress. Les examens ont été indéniablement moins stressants puisqu’on nous accordait 72 heures pour un examen que nous aurions normalement dû faire en trois heures. J’aime aussi pouvoir étudier chez moi, et j'économise temps et argent en n’ayant pas besoin de me rendre sur le campus. »

Motivation et réalisation des objectifs

Jacob estime que la transition s’est bien passée parce que ses professeurs étaient préparés et qu’ils ont tout fait pour maintenir la motivation de leurs étudiants.

« Certains de mes professeurs de mathématiques prenaient la peine de rédiger des notes de cours pour que nous puissions les parcourir à l’avance et savoir à quoi nous attendre. Un autre professeur avait installé un tableau blanc chez lui pour recréer l’expérience d’une salle de classe. »

Selon lui, le fait que les cours étaient enregistrés a aussi aidé. Les étudiants pouvaient ainsi revoir les cours, ou encore faire du rattrapage s’ils n’étaient pas en mesure de les suivre en direct sur Zoom.

Kuvish Bussawah, originaire de la République de Maurice et étudiant en génie mécanique à la Faculté de génie de McGill, dit aussi que les cours enregistrés et le dévouement des professeurs et du personnel l’ont beaucoup aidé à terminer la session d’hiver.

« La courbe d’apprentissage n’est pas la même pour tous. Certains étudiants doivent lire leurs notes quelques fois pour bien comprendre la matière. C’était donc très utile de pouvoir revoir les vidéos des cours n’importe quand. »

« Je sais que toutes les facultés travaillent fort pour garder les étudiants motivés et les aider à réussir leurs cours, et qu’elles y consacrent beaucoup de temps. »

Adaptation pas toujours simple

Pour Geneviève Gates-Panneton, soprano et étudiante de deuxième année à l’École de musique Schulich de McGill, la transition vers les cours à distance a été particulièrement difficile puisqu’elle consacre la majeure partie de son temps à répéter et à donner des représentations avec d’autres musiciens, ce qui est impossible lorsque les rassemblements sont interdits.

« Les répétitions, les cours d’interprétation et les concerts ont tous été annulés les uns après les autres. Comme c’est essentiellement ce qui compose notre programme, la situation n’était pas simple du tout. »

Elle précise que les plateformes en ligne, comme Zoom, ne se prêtent pas bien aux interprétations en groupe à cause de la piètre qualité sonore et du décalage. Toutefois, elle est contente que la professeure d’opéra baroque (MUHL 377), Julie Cumming, ait tout fait pour que la partie du cours portant sur l’écoute puisse continuer.

« Pendant l’écoute, elle nous montrait la partition à l’aide de la fonction de partage d’écran de Zoom. Nous avons appris à écouter avec nos yeux. »

Pour l’interprétation, Geneviève et ses compagnons d’études ont trouvé des façons de s’adapter et de continuer à faire de la musique.

« Jouer avec d’autres musiciens occupe une grande place dans l’apprentissage de la musique, confie-t-elle. Beaucoup de musiciens filment leurs prestations individuelles, pour ensuite les combiner à celles des autres. On continue de trouver des façons de jouer de la musique pour nous et pour les autres, et c’est génial. »

La musique : un liant social

Kuvish, qui se passionne également pour la musique et la vie étudiante, dirige l’ (Open Air Pub), initiative de l’Association des étudiants de premier cycle en génie qui a vu le jour dans les années 1980.

Deux fois par année, à la fin de la session d’hiver et au début de la session d’automne, le groupe étudiant organise sur le campus un festival de musique devenu l’un des événements phares du calendrier mcgillois. C’est l’occasion rêvée de mettre en scène des McGillois talentueux et, pour les étudiants, de se rassembler autour de la musique tout en recueillant de l’argent pour une bonne cause.

« L’OAP occupe une place importante dans l’expérience mcgilloise. Tous les ingrédients sont là : interactions avec les étudiants, nourriture et bière abordables et bonne musique », explique Kuvish.

« La pandémie nous a forcés à faire les choses autrement, ajoute-t-il. Comme il s’agit d’une activité très prisée à McGill, nous ne voulions pas l’annuler. Nous tenions à dire aux étudiants que nous étions toujours avec eux et que nous allions trouver une solution. »

Déterminé à tenir l’événement cette année, l’OAP a fait une retransmission en direct sur YouTube. Pendant trois jours, plus d’une vingtaine d’artistes de McGill, de Montréal et de partout dans le monde ont joué tous les styles de musique, en direct de leur salon. L’événement était gratuit pour tous les McGillois et le grand public.

Le groupe a remis des prix par tirage au sort et a recueilli des dons en ligne d’une valeur de 4 500 $ au profit de la ; cet organisme s’affaire à fournir des aliments sains aux enfants vulnérables de Montréal qui, à cause de la crise, ne peuvent pas profiter des programmes de lutte contre la faim offerts dans les écoles. L’équipe de l’OAP a aussi invité les gens à faire des dons aux artistes bénévoles, durement touchés par la crise.

« Nous avons amassé beaucoup plus d’argent que prévu, se félicite Kuvish. Les gens aiment cet événement. Ils ont laissé parler leur cœur, et nous leur en sommes très reconnaissants. L’OAP est vraiment important pour eux. »

Un automne à distance, mais occupé

L’OAP devrait avoir lieu à distance pour le lancement de la session d’automne. Kuvish veut également rassurer les étudiants : toute la population étudiante se démène pour que des événements comme celui-là reprennent à compter de septembre.

« Nous faisons de notre mieux pour offrir la meilleure expérience de vie mcgilloise possible. Nous l’avons déjà vécue, et nous voulons l’offrir aux autres étudiants. Les activités seront modifiées, mais elles auront lieu. »

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