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Une réussite forgée au Québec

Le diplômé de McGill et ancien athlète olympique Craig Buntin a mis son goût du risque à profit en créant une compagnie multimillionnaire – Sportlogiq – qui exploite la puissance de l’intelligence artificielle pour offrir des services d’analyse aux équipes sportives professionnelles. Une grande partie du succès de l’entreprise est attribuable au fait qu’elle s’est établie au Québec.

En 1999, Ă  l’âge de 18 ans, Craig Buntin est montĂ© dans un avion Ă  Kelowna, en Colombie-Britannique. Destination? ˛Ń´Ç˛ÔłŮ°ůĂ©˛ą±ô. Pourquoi? Trouver des entraĂ®neurs qui l’aideraient Ă  rĂ©aliser son rĂŞve olympique en patinage artistique. Il avait en poche un billet aller-simple et juste assez d’argent pour tenir quelques mois. En cas d’échec, il allait devoir faire du pouce pour rentrer Ă  la maison.Ěý

Cette dĂ©cision audacieuse, risquĂ©e et stratĂ©gique a fini par ĂŞtre payante. Sept ans plus tard, et après avoir remportĂ© le championnat national canadien, Craig Buntin s’est rendu en Italie pour reprĂ©senter le Canada en patinage artistique en couple aux Olympiques de 2006, Ă  Turin. Toutefois, ce pari n’était que le premier d’une sĂ©rie pour cet athlète devenu entrepreneur.Ěý

Pourquoi le jeune athlète a-t-il pris un tel risque et dĂ©cidĂ© de venir Ă  ˛Ń´Ç˛ÔłŮ°ůĂ©˛ą±ô? Au dĂ©part, son choix Ă©tait plutĂ´t logique puisqu’à l’époque, le monde du patinage tournait autour de ˛Ń´Ç˛ÔłŮ°ůĂ©˛ą±ô et de Toronto. Pour un athlète qui visait le sommet, il Ă©tait donc normal de s’entourer des meilleurs. Toutefois, on pourrait percevoir une raison plus profonde derrière cette dĂ©cision, voire un signe du destin.Ěý

Employons une hyperbole – Ă©tayĂ©e par de nombreux exemples – pour illustrer ce point : ˛Ń´Ç˛ÔłŮ°ůĂ©˛ą±ô est la plus grande ville sportive du Canada, point final. L’affirmation est forte, mais laissons les preuves parler d’elles-mĂŞmes.Ěý

Une ville sportive

Nous savons tous que ˛Ń´Ç˛ÔłŮ°ůĂ©˛ą±ô a Ă©tĂ© l’hĂ´te des Jeux olympiques d’étĂ© en 1976, mais 23 autres villes peuvent en dire autant. Cependant, quelle autre ville olympique peut se targuer d’avoir une Ă©quipe comme les Canadiens de ˛Ń´Ç˛ÔłŮ°ůĂ©˛ą±ô qui, avec ses 24 Coupes Stanley, dĂ©tient un record de victoires jamais Ă©galĂ© par une autre Ă©quipe de la ligue (et, pendant longtemps, par aucune autre Ă©quipe sportive sur la planète)?Ěý

Et n’oublions pas les Royaux de ˛Ń´Ç˛ÔłŮ°ůĂ©˛ą±ô, qui ont donnĂ© au lĂ©gendaire Jackie Robinson la chance de briser la barrière de la couleur aux États-Unis en 1947, ainsi que les Expos de ˛Ń´Ç˛ÔłŮ°ůĂ©˛ą±ô, qui ont aussi repoussĂ© des limites en devenant la première Ă©quipe canadienne dans les ligues majeures, bien qu’ils aient dĂ©mĂ©nagĂ© depuis.Ěý

La liste est longue : Formule 1, tennis, soccer, boxe. ˛Ń´Ç˛ÔłŮ°ůĂ©˛ą±ô a tout fait et au plus haut niveau; elle a mĂŞme Ă©tĂ© l’hĂ´te d’une course NASCAR.Ěý

Si on remonte encore plus dans le temps, on constate qu’à ˛Ń´Ç˛ÔłŮ°ůĂ©˛ą±ô – notamment Ă  l’UniversitĂ© McGill – on ne faisait pas que pratiquer des sports, on a contribuĂ© Ă  leurs crĂ©ations :Ěýle football en 1874, le hockey en 1875 et le basketball en 1891.Ěý

Bien peu de villes ont Ă©tĂ© aussi avant-gardistes, Ă  l’époque et de nos jours.Ěý

Revenons Ă  Craig Buntin et Ă  son destin. Après sa première aventure olympique, il a voulu en vivre une deuxième en visant une mĂ©daille aux Jeux de Vancouver, en 2010. Mais les choses ne se sont pas dĂ©roulĂ©es comme prĂ©vu.Ěý

En 2007, sa partenaire de patinage artistique, ValĂ©rie Marcoux, a dĂ©cidĂ© de prendre sa retraite. Trouver une remplaçante n’allait pas ĂŞtre une mince tâche. C’est finalement au bout de plusieurs mois, de milliers de kilomètres et de multiples visites de patinoires partout au Canada et aux États-Unis qu’il a rencontrĂ© Meagan Duhamel.Ěý

Une blessure qui change toutĚý

Au cours d’un entraĂ®nement de routine en vue des Jeux de 2010, alors qu’il soulevait sa partenaire, Craig BuntinĚýa entendu son Ă©paule faire un bruit inquiĂ©tant. Verdict : dĂ©chirure de trois ligaments dans la coiffe des rotateurs. Le couple a tout de mĂŞme poursuivi l’entraĂ®nement et les compĂ©titions avec la mĂŞme fougue, mais n’a pas rĂ©ussi Ă  se qualifier pour l’équipe olympique.Ěý

MalgrĂ© tout, cet Ă©vĂ©nement n’a pas marquĂ© la fin d’une carrière, mais plutĂ´t le dĂ©but d’une nouvelle carrière et la naissance d’une entreprise qui place une fois de plus ˛Ń´Ç˛ÔłŮ°ůĂ©˛ą±ô Ă  l’avant-garde du sport et de l’intelligence artificielle.Ěý

Conscient que tout un monde l’attendait au-delĂ  de son sport, Craig BuntinĚýsavait qu’il devait aller chercher des connaissances. Pendant sa carrière de patineur, il s’était intĂ©ressĂ© Ă  un nouveau type de torrĂ©faction du cafĂ© et avait essayĂ© d’en faire une entreprise, mais la complexitĂ© de la tâche lui a rapidement sautĂ© aux yeux.Ěý

Il n’avait pas mis les pieds dans une salle de classe depuis plus de 12 ans quand, en 2011, il a une fois de plus jouĂ© le tout pour le tout en faisant le test d’admission aux Ă©tudes supĂ©rieures en gestion (GMAT) et en prĂ©sentant une demande au programme de MBA Ă  la FacultĂ© de gestion Desautels. Et ça a fonctionnĂ©. Il est mĂŞme devenu le premier Ă©tudiant de l’histoire de McGill Ă  ĂŞtre acceptĂ© dans un programme de cycle supĂ©rieur sans dĂ©tenir un diplĂ´me de premier cycle.Ěý

C’est lĂ  que Craig Buntin a pu allier son enthousiasme, son expĂ©rience et son goĂ»t du risque avec ce qui lui avait manquĂ© jusque-lĂ  : une vision. Une vision qui ne s’arrĂŞte pas aux buts Ă  atteindre et au succès, et qui porte plutĂ´t sur ce qu’il reste encore Ă  crĂ©er. Lorsqu’elle s’accompagne d’une bonne exĂ©cution, cette vision peut transformer les rĂŞves en rĂ©alitĂ©.Ěý

Une incursion dans le monde de l’IAĚý

Le premier projet portait sur la crĂ©ation de vĂ©hicules autonomes. Un but louable, mais qui vient avec son lot de dĂ©fis techniques et informatiques, souvent insurmontables. MĂŞme le gĂ©ant Uber a abandonnĂ© l’idĂ©e de commercialiser cette technologie.Ěý

En travaillant avec le professeur Martin Levine, et avec son partenaire et futur cofondateur Mehrsan Javan, Craig Buntin s’est rendu compte que la dĂ©tection par vision artificielle se prĂŞtait très bien Ă  un environnement oĂą les participants humains portent tous un numĂ©ro et se dĂ©placent dans des conditions d’éclairage optimales et des environnements bien dĂ©limitĂ©s. Bref, dans le cadre de sports professionnels.Ěý

« Il s’agit d’un laboratoire parfait qui prĂ©sente des problèmes très bien dĂ©finis », rĂ©pond BuntinĚýquand on lui demande pourquoi ils ont choisi de s’intĂ©resser aux sports. « Et ce sont des problèmes techniques beaucoup plus faciles Ă  rĂ©gler que les facteurs variables associĂ©s Ă  la conduite automobile. »Ěý

Toutefois, il ne suffit pas de dĂ©finir une sĂ©rie de problèmes pour crĂ©er une entreprise, et Craig BuntinĚýreconnaĂ®t que l’UniversitĂ© McGill a employĂ© une mĂ©thode intĂ©ressante pour soutenir la jeune pousse : elle lui a accordĂ© une licence avec option d’achat lui donnant temporairement les droits exclusifs de la technologie dont elle avait besoin. En vertu de l’entente, il Ă©tait possible de rendre la licence permanente ou de la laisser expirer, ce qui Ă©tait parfait pour une entreprise qui explorait encore ses options. (Ils ont finalement converti leur option en vĂ©ritable licence.)Ěý

« C’était le scĂ©nario idĂ©al pour le dĂ©veloppement de ce qui n’était encore qu’une idĂ©e, avoue-t-il. Ă€ la naissance d’une entreprise, il faut savoir prendre des risques, et nous avons Ă©tĂ© chanceux que McGill le comprenne. » Craig et son Ă©quipe ont fini par voir tout le potentiel de leur projet et ont dĂ©cidĂ© d’acheter la licence.Ěý

Jeune pousse deviendra grandeĚý

C’est comme ça que Sportlogiq est nĂ©e. CrĂ©Ă©e en 2015, l’entreprise a reçu le soutien de TandemLaunch, incubateur d’entreprises en dĂ©marrage de ˛Ń´Ç˛ÔłŮ°ůĂ©˛ą±ô, puis un investissement important de la part de l’entrepreneur exceptionnel Mark Cuban. Depuis, les choses avancent vite pour la jeune pousse dynamique, qui comptent maintenant 130 employĂ©s et deux bureaux satellites en Colombie-Britannique et en Ontario, en plus de son siège social de ˛Ń´Ç˛ÔłŮ°ůĂ©˛ą±ô. En 2020, forte d’une hausse de revenus de 1 000 % sur une pĂ©riode de trois ans, l’entreprise s’est hissĂ©e au 52e rang dans la liste des entreprises canadiennes Ă  forte croissance du Globe and Mail.Ěý

Mais que fait cette entreprise Ă  la croissance si rapide? En gros, elle donne aux Ă©quipes sportives les moyens d’être maĂ®tres de leur destinĂ©e. Comment? Elle a recours Ă  l’apprentissage machine basĂ©e sur l’intelligence artificielle (IA) pour analyser des performances sportives Ă  partir d’enregistrements vidĂ©o fournis par les chaĂ®nes de tĂ©lĂ©vision. Sportlogiq a dĂ©jĂ  signĂ© des ententes avec 30 des 31 Ă©quipes de la LNH et elle fait sa place dans d’autres sports, comme le football de la NFL.Ěý

Vous connaissez peut-ĂŞtre le film Moneyball : L’art de gagner, sorti en 2011, ou encore le livre dont il est tirĂ©. Il relate comment une Ă©quipe de la Ligue majeure de baseball, les Athletics d’Oakland, a passĂ© bien près de remporter le championnat en 2002 grâce Ă  une stratĂ©gie axĂ©e sur les statistiques. Dans le monde hautement compĂ©titif des sports professionnels, cette mĂ©thode est bien entendu devenue la norme, mais Sportlogiq va encore plus loin.Ěý

Par exemple, la technologie proposĂ©e par Sportlogiq est si sensible qu’elle peut enregistrer une action mesurable chaque 1,2 seconde pendant un match de hockey professionnel. Au cours d’un match de 60 minutes, on peut donc recueillir 3 000 points de donnĂ©es. Et aucune donnĂ©e, aussi petite soit-elle, n’est ignorĂ©e : changement d’angle prĂ©cĂ©dant un tir, jeux qui entraĂ®nent une pĂ©nalitĂ©, rĂ©cupĂ©ration de rondelles libres, buts attendus par prĂ©sence sur la glace – la liste des variables analysables est longue.Ěý

Chacune de ces mesures est prĂ©cieuse pour les Ă©quipes, que ce soit pour une prĂ©paration d’avant-match, une analyse d’après-match ou la dĂ©couverte du prochain Wayne Gretzky. Les avantages sont Ă©galement Ă©normes pour les spectateurs. On peut dĂ©sormais reconnaĂ®tre et mesurer cet indescriptible « moment dĂ©cisif » qui marque un tournant dans un match – le commentateur peut maintenant s’appuyer sur des donnĂ©es.Ěý

Le plus beau dans tout ça? Aucun investissement spĂ©cial de la part du client. Aucun matĂ©riel ou logiciel Ă  installer, aucun changement Ă  apporter Ă  l’amphithéâtre ou Ă  l’infrastructure.Ěý

Sportlogiq a d’abord pensĂ© aux Ă©quipes de hockey comme clients potentiels – choix tout naturel pour une entreprise canadienne – et a rĂ©ussi Ă  conclure des ententes avec 30 des 31 Ă©quipes de la LNH. Étape logique suivante : approcher des Ă©quipes de hockey dans d’autres pays, comme la Suède.Ěý

Nous avons lĂ  tous les ingrĂ©dients d’un emploi rĂŞvĂ© pour un passionnĂ© de hockey, ce que nous a confirmĂ© Nick Czuzoj-Shulman, analyste de donnĂ©es principal au sein de l’entreprise. De son propre aveu, cet ancien analyste de donnĂ©es d’essais de recherche clinique est un maniaque de hockey. Et ce ˛Ń´Ç˛ÔłŮ°ůĂ©˛ą±ôais est bien entendu fan des Canadiens. Ça ressemble Ă  quoi travailler chez Sportlogiq? « Un rĂŞve devenu rĂ©alitĂ© », dit-il. Et la culture de l’entreprise y est pour quelque chose. « Nous ne nous prenons pas au sĂ©rieux, mais nous prenons notre travail au sĂ©rieux. »Ěý

Au-delĂ  du hockeyĚý

L’analyse des matchs de hockey peut ĂŞtre passionnante pour certains, mais la LNH est un petit joueur dans le monde sportif. Le gros joueur, c’est la NFL. Sa valeur est estimĂ©e Ă  plus de 90 milliards de dollars amĂ©ricains, soit presque quatre fois et demie celle de la LNH, mĂŞme si les joueurs de football ont 80 % moins de matchs que leurs collègues hockeyeurs. Jusqu’à prĂ©sent, Sportlogiq a conclu des ententes avec quatre Ă©quipes.Ěý

Ce n’est toutefois pas une mince affaire de courtiser la NFL. L’entreprise a rĂ©ussi Ă  mettre Ă  profit son expĂ©rience avec le hockey, mais elle a tout de mĂŞme dĂ» faire des investissements considĂ©rables pour adapter son modèle au nouveau sport, sans garantie de dĂ©bouchĂ©.Ěý

Comme Moneyball est une source d’inspiration depuis plus d’une dĂ©cennie, Sportlogiq n’est pas seule dans cette arène. En fait, le domaine de l’analyse sportive est en plein essor, et en date de 2019, il gĂ©nĂ©rait dĂ©jĂ  deux milliards de dollars amĂ©ricains en activitĂ©s commerciales. Des analystes prĂ©voient que ce marchĂ© atteindra 5,2 milliards de dollars d’ici 2024.Ěý

Sans surprise, la pandĂ©mie de COVID-19 a freinĂ© la croissance au cours de la dernière annĂ©e. Bien que l’entreprise ait rĂ©ussi Ă  Ă©viter un ralentissement important de ses activitĂ©s, quelques ajustements ont Ă©tĂ© nĂ©cessaires.Ěý

« Nous avons dĂ» nous adapter très rapidement au dĂ©but de la pandĂ©mie, explique Craig Buntin. Nous devions nous prĂ©parer pour une lutte longue et difficile, tout en disposant de ressources limitĂ©es. Nous Ă©tions alors très loin de la mentalitĂ© d’une jeune pousse qui se dit qu’elle va 'abattre les barrières et rĂ©volutionner le secteur du sport '. Nous sommes retournĂ©s Ă  la case dĂ©part pour presque tous nos produits, puis nous nous sommes concentrĂ©s sur ceux pour lesquels nous savions que nous pouvions ĂŞtre meilleurs que tout le monde. » L’entreprise a non seulement rĂ©ussi ce virage, mais elle a Ă©galement vu ses revenus augmenter pendant la pandĂ©mie, contrairement Ă  beaucoup d’autres sociĂ©tĂ©s sportives.Ěý

MalgrĂ© les difficultĂ©s, l’entreprise a rĂ©ussi Ă  conserver une atmosphère dĂ©contractĂ©e. C’est du moins ce que constate Brandon Di Perno, directeur, Marketing de contenu, arrivĂ© chez Sportlogiq en 2019 après un passage dans une agence de publicitĂ© de Madison Avenue. Et il sait reconnaĂ®tre une Ă©quipe Ă©nergique quand il en voit une.Ěý

Image de SportlogiqĚý

« Chez Sportlogiq, l’atmosphère est Ă©lectrisante », dit-il en faisant rĂ©fĂ©rence Ă  la pĂ©riode prĂ©-COVID. « Nous sommes tous passionnĂ©s par notre travail. »Ěý

Brandon Di Perno n’a pas hĂ©sitĂ© Ă  Ă©numĂ©rer les valeurs de l’entreprise. Les principes de ce genre laissent souvent perplexe, mais dans ce cas, on veut bien croire qu’ils trouvent un Ă©cho chez les employĂ©s. Les gens sympathiques finissent premiers – c’est lĂ  l’une des valeurs vĂ©hiculĂ©es par l’entreprise, qui a aussi adoptĂ© la devise olympique : Citius, Altius, Fortius (plus vite, plus haut, plus fort), clin d’œil Ă©vident au passĂ© sportif de Craig Buntin.Ěý

Le QuĂ©bec, lĂ  pour les petites entreprisesĚý

Au-delĂ  des valeurs un peu excentriques, Craig Buntin mentionne un facteur essentiel au succès de l’entreprise : le QuĂ©bec. C’est bien connu que la province investit beaucoup dans le talent des athlètes d’ici, et cet appui se reflète dans les formidables performances olympiques. Par exemple, aux Jeux d’hiver de 2018 Ă  PyeongChang, le QuĂ©bec, pris individuellement, se serait classĂ© dixième au classement pour le nombre de mĂ©dailles d’or (quatre).Ěý

« Certains des meilleurs athlètes canadiens sont ici, au QuĂ©bec, affirme Craig Buntin, mais ils n’ont pas un gros ego, et ils sont prĂŞts Ă  se retrousser les manches et Ă  se mettre au travail. On ne voit pas ça partout. »Ěý

La province est Ă©galement gĂ©nĂ©reuse dans son aide aux jeunes pousses. Par exemple, le QuĂ©bec offre des crĂ©dits d’impĂ´t pour les dĂ©penses en recherche et dĂ©veloppement plus importants que les autres provinces – jusqu’à 50 % supĂ©rieurs – et pendant plusieurs annĂ©es, il a proposĂ© un programme Premier Brevet, qui aidait les entreprises Ă  obtenir leur premier brevet. Si le programme n’existe plus, les entreprises quĂ©bĂ©coises sont nĂ©anmoins celles qui dĂ©tiennent le plus de droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle au pays, selon Statistique Canada. Avec ses neuf brevets, Sportlogiq occupe une place de choix dans ce groupe, et elle poursuit ses recherches.Ěý

Le soutien financier des gouvernements provincial et fĂ©dĂ©ral (par l’intermĂ©diaire du programme PARI CNRC et des organismes CRSNG et Mitacs) a Ă©galement donnĂ© un bon coup de pouce Ă  l’entreprise, qui a ainsi pu se tourner vers de nouveaux marchĂ©s, comme la NFL. Mais bien que les rĂ©sultats financiers soient au cĹ“ur des prĂ©occupations de toute entreprise, il faut plus que de l’argent pour rĂ©ussir.Ěý

Une entreprise en dĂ©marrage doit veiller Ă  bien faire connaĂ®tre sa raison d’être. Sur ce point, Craig Buntin est catĂ©gorique : malgrĂ© ce que son nom pourrait laisser croire, Sportlogiq est une sociĂ©tĂ© technologique.Ěý

« L’IA est une technologie fondamentale qui transformera l’industrie. Nous sommes une entreprise de technologie qui a dĂ©marrĂ© en mettant l’accent sur les services au secteur du sport professionnel. »Ěý

Quelle est la suite pour Sportlogiq? Craig Buntin s’est montrĂ© peu bavard sur le sujet. Après le hockey, le football et possiblement le soccer, sur quels autres sports l’entreprise jettera-t-elle son dĂ©volu? Ou peut-ĂŞtre va-t-elle s’intĂ©resser Ă  un autre secteur? L’ancien athlète olympique ne dĂ©voile pas son jeu, mais si le passĂ© est garantĚýde l’avenir, on peut s’attendre Ă  quelque chose de gros.

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