Nahum Sonenberg reçoit un Prix du Québec
par Jason Clement
« Mon père, qui m’a beaucoup inspiré, me disait “Tu dois étudier et contribuer à faire avancer la science” », se rappelle le professeur mcgillois Nahum Sonenberg en remontant aux sources de son illustre carrière. « Je ne pouvais évidemment pas prédire exactement le chemin que j’emprunterais, mais je savais que je voulais mieux comprendre comment fonctionne le corps humain, comment guérir les maladies, et c’est ce que je fais. »
Cette quête de toute une vie s’est précisée au Roche Institute of Molecular Biology, au New Jersey, où le professeur Sonenberg a réalisé ses recherches postdoctorales. C’est là qu’il a fait sa première percée révolutionnaire: il est parvenu à décrire le rôle de la molécule eIF4E dans la traduction de l’information génétique en protéines. Ce faisant, il a transformé la conception de la synthèse protéique qui prévalait jusque-là dans le milieu scientifique. Quelque 40 ans plus tard, le titulaire de la Chaire Gilman Cheney en biochimie à la Faculté de médecine de l’Université McGill et membre du Centre de recherche sur le cancer Rosalind et Morris Goodman mène toujours des travaux majeurs qui élucident les mécanismes de nombreuses maladies, en tablant sur des recherches qui découlent de cette découverte initiale.
Né dans un camp de réfugiés en Allemagne, en 1946, après la Seconde Guerre mondiale, le Pr Sonenberg a grandi en Israël, où il a reçu son doctorat en biochimie du Weizmann Institute of Science en 1976. Il est entré à McGill en 1979, après son postdoctorat au New Jersey. Ses recherches ont fait évoluer notre compréhension de nombreuses maladies, du cancer à l’autisme. Membre de la Société royale du Canada depuis 1992, il a été nommé à l’Ordre du Canada en 2010. Il a reçu au fil des ans de nombreux prix prestigieux, dont le Prix international Gairdner en 2008, la Médaille McLaughlin de la Société royale du Canada en 2013, et le Prix Wolf de médecine en 2014.
En reconnaissance de son apport exceptionnel à l’avancement de la science, sur plusieurs décennies, le gouvernement du Québec a honoré le Pr Sonenberg dans le cadre des Prix du Québec, hier, en lui remettant le Prix Wilder-Penfield en recherche biomédicale. Les Prix du Québec soulignent la carrière remarquable de personnes à l’esprit créatif ou innovant qui contribuent à l’essor de leur domaine d’activité et de la société québécoise, repoussent les limites de la connaissance et font rayonner le Québec à l’échelle internationale. Les prix sont remis chaque année depuis 1977.
« Je suis très heureux de recevoir ce prix parce qu’il vient du Québec », déclare le Pr Sonenberg. « J’ai réalisé la majorité de mes recherches des 40 dernières années au Québec. J’ai profité d’un soutien très généreux et j’ai pu mener mes travaux sans restrictions. Au Québec, nous sommes à l’avant-garde mondiale en matière de recherche fondamentale; c’est donc un grand honneur pour moi d’être reconnu ici pour l’importance de mes travaux. »
Peu enclin à se reposer sur ses lauriers, le Pr Sonenberg conserve une vive passion pour la science et un désir profond de contribuer à la société. « Aujourd’hui, ma principale motivation est d’améliorer la qualité de vie des gens malades, ou de guérir la maladie. Pour y parvenir, je mise sur des recherches très fondamentales, en commençant par comprendre comment fonctionne la synthèse des protéines. »
Félicitations Pr Sonenberg!
Outre le Pr Nahum Sonenburg, quatre McGillois ont reçu un Prix du Québec le 21 novembre.
Le professeur émérite François Ricard s’est vu décerner le prix Athanase-David 2018 dans la catégorie Prix culturels.
Professeur de lettres françaises et québécoises à l’Université McGill de 1971 à 2009, le Pr Ricard s’est également forgé une excellente réputation en tant qu’essayiste, critique, chroniqueur, éditeur et auteur d’une douzaine d’ouvrages. Ses écrits paraissent régulièrement dans des journaux, des périodiques et des publications littéraires, et on peut entendre ses chroniques à la radio. La citation pour le Prix du Québec souligne que « François Ricard n’a cessé depuis plus de quarante-cinq ans de contribuer par ses activités et ses écrits à la vie et au rayonnement de la littérature québécoise et de la culture littéraire dans son ensemble ». Lire la citation complète.
Trois diplômés de McGill ont également reçu un Prix du Québec (cliquez sur le nom pour afficher la citation). Manon Asselin, B. Sc. (Arch.) 1990, B. Arch. 1992, M. Arch. 2001, est cofondatrice de la firme d’architectes Atelier TAG, à Montréal, et l’une des architectes les plus respectées au Québec. Mme Asselin a reçu le prix Ernest-Cormier 2018. Anne Bruneau, B. Sc. 1982, est professeure au Département des sciences biologiques de l’Université de Montréal et la première femme à diriger l’Institut de recherche en biologie végétale de cette institution. La Pre Bruneau a reçu le prix Armand-Frappier 2018. Gilbert Laporte, B. Sc. 1971, dirige la Chaire de recherche du Canada en distributique à HEC Montréal et est un expert reconnu mondialement en recherche opérationnelle et en sciences de la décision. Le Pr Laporte a reçu le prix Marie-Victorin 2018.