Avant d’être chargée d’enseignement à plein temps à l’ÉSII en 2018, Amanda Cervantes a d’abord été infirmière clinicienne à l’unité de soins intensifs pédiatriques de l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME). À l’époque, elle a aussi été enseignante clinique en pédiatrie aux programmes d’admission directe (sans formation infirmière préalable) et du B. Sc. Inf. à l’ÉSII. Elle est bachelière en beaux-arts, production théâtrale et scénographie de la New York University (NYU).
Pourquoi avez-vous choisi de devenir infirmière?
Je suis bachelière en beaux-arts, production théâtrale et scénographie de la NYU. J’ai travaillé pour différents projets, surtout comme régisseuse ou éclairagiste, et j’ai passé beaucoup de temps sur une échelle dans des salles de théâtre expérimental. Puis, mon vif intérêt pour les questions de migration et de réfugiés m’a poussée à envisager des études internationales. J’ai déniché un emploi au Département d’études supérieures en théâtre de la NYU et je me suis inscrite au Département de sciences politiques. Tout en réfléchissant à mon avenir, je me préparais à déménager à Montréal pour étudier à Concordia ou à McGill, mais je n’ai pas été acceptée. Mon exploration parallèle des organisations internationales m’a fait voir que les qualifications requises concernaient directement la prestation de soins de santé. J’ai donc songé à passer par les soins infirmiers pour obtenir un emploi à l’étranger.
Une fois installée à Montréal, j’ai examiné les programmes en sciences infirmières qu’on y offrait et j’ai appris le français. J’ai découvert le programme d’admission directe de McGill en furetant sur le Web. Je craignais que mes études de premier cycle soient jugées insuffisantes, mais les gens rencontrés à l’École m’ont encouragée à effectuer les cours préalables et à soumettre une demande. J’ai suivi les cours de sciences requis aux États-Unis durant un an, puis j’ai fait ma demande au programme d’admission directe à McGill et j’ai été acceptée. Ma vie d’infirmière commençait.
Durant ma première année, j’ai pris conscience des limites de ma compréhension des soins infirmiers. Le stage que j’ai eu la chance d’effectuer au Shriners pendant mon premier semestre est à l’origine de ma passion de m’occuper des enfants. Puis, un autre stage à l’unité de soins intensifs (USI) de l’Hôpital général juif (HGJ) a inspiré ma passion pour ces soins spécialisés. J’ai terminé le reste de mes stages auprès d’adultes et, par pure chance, j’ai amorcé ma carrière à l’unité de soins intensifs pédiatriques (USIP) de l’Hôpital de Montréal pour enfants. Je comptais y rester un peu avant de faire mes premiers pas à l’international, mais j’avais le sentiment d’avoir encore beaucoup à apprendre et je ne me suis jamais sentie prête à partir. Qui plus est, mes collègues sont devenus une extraordinaire famille professionnelle. Vive les infirmières et infirmiers de l’USIP!
Quel est votre domaine de compétence ou votre spécialisation, et pourquoi?
L’USIP. J’adore côtoyer les enfants. Ils vivent l’instant présent. Si votre intention est bienveillante, ils pardonnent vite les interventions douloureuses. Ils sont directs, s’expriment « sans réserve » et disent des trucs hilarants. Ils aiment beaucoup les moments brefs. Une chanson absurde, un court échange pour savoir si Chase de la Pat’ Patrouille est le meilleur. Même les tout-petits réagissent au toucher et à la voix. Et les familles sont très sensibles à ces petites interactions. Il est si facile de voir un enfant à travers tous les fils et les tubes. Certains pensent que l’USIP se résume à la technologie, à des patients très malades partout et à beaucoup de moniteurs et de pompes, d’où la nécessité pour le personnel infirmier de l’USIP d’être à l’aise avec la technologie. Or, tous mes camarades sont là pour les enfants, pas pour les appareils. Sur le plan professionnel, j’aime l’autonomie et l’esprit d’équipe à l’USIP. Notre évaluation est prise au sérieux. Le travail d’équipe à l’USIP de l’HME est aussi extraordinaire. Les rapports hiérarchiques sont minimes et l’opinion de chacun compte.
Qu’est-ce qui vous a motivée à faire partie du corps professoral de l’ÉSII?
J’ai commencé l’enseignement clinique à l’École en 2015 et j’ai aimé ça sur-le-champ. J’étais toujours à l’HME — en général au bloc chirurgical, ils sont merveilleux, je les salue — j’enseignais aux programmes d’admission directe et du B. Sc. Inf. Mon but en tant qu’enseignante clinique était que chacun se passionne pour les soins infirmiers à l’HME de la même manière que moi. L’an dernier, l’École a affiché un poste de personnel enseignant contractuel en soulignant l’importance de l’expérience auprès de nouveau-nés, d’enfants et d’adolescents. J’étais prête à tenter l’enseignement, bref les conditions étaient idéales.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail?
J’adore les questions d’étudiants qui m’incitent à envisager des choses auxquelles je n’avais pas réfléchi. Ils me poussent à penser différemment. Ils me rappellent les connaissances qu’il me reste à acquérir et ils me motivent à leur donner les outils pour qu’ils continuent leur apprentissage.
Qu’aimeriez-vous que les gens sachent au sujet de la profession d’infirmière en général?
C’est une profession formidable et plurielle, tout comme le personnel infirmier. Notre travail nous amène à accomplir toutes sortes de choses différentes, et je suis toujours émerveillée, lors de conférences, d’entendre les participants décrire leurs tâches. Les infirmières et les infirmiers sont les personnes parmi les plus comiques avec qui j’ai jamais travaillé — même si j’ai côtoyé des gens dont le travail est d’être drôle.
Aimeriez-vous ajouter quelque chose?
Je suis nouvelle à l’École et même assez nouvelle en sciences infirmières. Ce sera intéressant de voir dans quelle mesure certaines de mes réponses à ces questions changeront avec le temps.
Ìý