La science à la rescousse d’un monde en manque d’empathie
Notre monde est marqué par de profondes divisions et d’importants bouleversements sociaux. Aussi, notre besoin d’empathie est-il plus grand que jamais.
Or, la science permet de croire que lorsqu’il s’agit de susciter l’empathie, le rôle de l’imagination est plus déterminant que nous le croyions. En effet, une nouvelle étude dirigée par une équipe de recherche de l’Université McGill révèle l’influence qu’exercent les différentes formes d’empathie sur notre volonté d’aider autrui.
« L’empathie, soit la capacité de comprendre la situation d’une autre personne, joue un rôle essentiel dans la manifestation des comportements prosociaux. Nous savons que l’empathie n’est pas unidimensionnelle et peut s’éprouver de façons très différentes; on peut notamment ressentir de la détresse personnelle comme de la compassion pour l’autre », explique Signy Sheldon, professeure de psychologie à l’Université McGill et coautrice de l’étude.
Jusqu’à maintenant, la recherche s’intéressait principalement à la compassion que suscitait le fait d’imaginer aider autrui, mais pas de s’imaginer vivre sa situation – alors qu’il s’agit normalement de notre premier réflexe.
Publiés dans le journal , les résultats de l’étude sont révolutionnaires en ce sens qu’ils expliquent qu’une autre forme d’empathie, la détresse personnelle, se manifeste davantage lorsque l’on s’imagine vivre la situation d’autrui, et peut agir comme catalyseur, poussant une personne à l’action.
La collaboration entre l’Université McGill et l’Université d’État de New York à Albany a permis de découvrir que lorsque l’on visualise avec précision les problèmes de quelqu’un, nous ressentons davantage ses sentiments, ce qui nous incite à lui prêter main-forte.
L’étude fournit ainsi un meilleur éclairage du mystère du comportement humain et du lien qui existe entre l’expérience intellectuelle et l’action prosociale. Ces données contribuent à mieux comprendre pourquoi certaines situations suscitent davantage d’empathie, voire pourquoi certaines personnes sont plus empathiques que d’autres.
Faire l’expérience de l’empathie
Si quelqu’un que vous aimez perdait un proche ou qu’une personne du voisinage se faisait voler sa voiture, que se passerait-il dans votre esprit? Ressentiriez-vous ses sentiments, ou seriez-vous inquiet pour elle et éprouveriez-vous plutôt de la compassion?
L’équipe de recherche a mené trois expériences en ligne où l’on demandait aux participant(e)s de se mettre « dans les souliers » de quelqu’un d’autre.
« Les expériences ont montré que les personnes qui s’imaginent vivre la situation d’autrui ressentent beaucoup plus de détresse personnelle. Fait intéressant, les expériences ont également montré que se mettre à la place de l’autre stimule la volonté de lui venir en aide », précise Signy Sheldon, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en neuroscience cognitive de la mémoire.
En outre, étant donné que cette capacité à s’imaginer à la place d’une autre personne est liée à la mémoire épisodique, cette découverte ouvre d’importantes pistes de réflexion sur les liens entre mémoire et empathie, une avenue déterminante pour la recherche.
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ł˘â€™a°ůłŮľ±ł¦±ô±đ , par Gregory et coll., a Ă©tĂ© publiĂ© dans le journal Emotion.
L’Université McGill
Fondée en 1821, à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé à l’international, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans trois campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 39 000 étudiant(e)s, dont plus de 10 400 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiant(e)s originaires de plus de 150 pays, ses 12 000 étudiant(e)s internationaux(-ales) représentant 30 % de sa population étudiante. Plus de la moitié des étudiant(e)s de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 20 % sont francophones.