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Pourquoi certains non-fumeurs développent-ils la MPOC, contrairement à bon nombre de gros fumeurs?

Une nouvelle étude met en évidence un facteur de risque important de la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) lié au développement des poumons
±Ê³Ü²ú±ô¾±Ã©: 9 June 2020

Le tabagisme est le facteur de risque le mieux connu de la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), une affection pulmonaire débilitante qui peut limiter grandement les activités quotidiennes des personnes qui en sont atteintes. Toutefois, étrangement, seulement une minorité de personnes ayant fumé leur vie durant développent cette maladie, tandis que les non-fumeurs représentent plus de 25 pour cent de tous les cas de MPOC. Une nouvelle étude, publiée aujourd’hui dansThe Journal of the American Medical Association,laisse entendre qu’une disparité entre le développement des voies respiratoires et la taille des poumons — affection appelée dysanapsie — pourrait expliquer pourquoi il en est ainsi.

Le Dr Benjamin Smith, scientifique à l’Institut de recherche du Centre universitaire de ²õ²¹²Ô³Ùé McGill (IR‑CUSM), a dirigé une équipe de chercheurs répartis dans l’ensemble du Canada et des États‑Unis, qui a analysé des données concernant plus de 6 500 adultes âgés participant à trois études. Ces études — l’étude MESA (Multi-Ethnic Study of Atherosclerosis), axée sur la fonction pulmonaire, l’étude SPIROMICS (Subpopulations and Intermediate Outcome Measures in COPD Study) et l’étude CanCOLD (cohorte canadienne pour la maladie pulmonaire obstructive) — comprenaient des fumeurs et des non-fumeurs, ayant ou non la MPOC.

L’équipe de chercheurs a procédé à une analyse détaillée d’images des poumons et a évalué les facteurs de risque standards de développer la MPOC, comme le tabagisme, l’exposition à la fumée secondaire ou à la pollution atmosphérique et les expositions professionnelles. Les résultats des travaux de cette équipe ont démontré que la dysanapsie semble constituer un facteur de risque très important de développer la MPOC, associé à une variation deux fois plus importante du risque lorsque comparée au tabagisme et aux autres facteurs de risque standards associés à cette maladie.

Selon le Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail, la MPOC affecte au moins 4 % des adultes et s’avère la quatrième cause de décès en importance au Canada. Elle se caractérise par une insuffisance respiratoire et est associée à des symptômes comme l’essoufflement (« souffle court »), qui empire avec le temps, une toux chronique et l’obstruction des voies respiratoires.

« Lorsqu’on respire, on fait circuler de l’air dans les voies respiratoires; l’air passe d’abord dans la trachée, qui communique avec des voies respiratoires plus petites, appelées bronches ou bronchioles. Pendant la période de croissance, le développement des voies respiratoires est censé être proportionnel à celui des poumons, mais chez certaines personnes, les voies respiratoires ne croissent pas autant que prévu », explique le Dr Smith, qui est aussi professeur agrégé au Département de médecine de la Faculté de médecine de l’Université McGill et l’auteur principal de l’étude.

Les chercheurs ont mesuré la taille de l’arbre respiratoire et des poumons en ayant recours à des tomodensitogrammes de pointe du thorax. Ils ont découvert que les personnes atteintes de MPOC n’ayant jamais fumé avaient des voies respiratoires beaucoup plus petites relativement à la taille de leurs poumons, alors que les voies respiratoires des gros fumeurs n’ayant jamais eu la MPOC étaient exceptionnellement larges. Ces derniers se trouvaient donc à l’autre bout du spectre en matière de dysanapsie (fig. 1). Bien que l’on ignore encore la cause principale de la dysanapsie, ces conclusions aident à comprendre pourquoi la MPOC peut se développer chez des personnes n’ayant jamais fumé et ne présentant pas d’autres facteurs de risque.

« La fonction pulmonaire diminue avec le vieillissement normal, précise le Dr Smith. À cause de ce phénomène, les personnes dont les voies respiratoires sont plus petites — et dont la fonction pulmonaire est déjà plus faible — peuvent développer la MPOC plus tard au cours de leur vie. Par ailleurs, les fumeurs dont les voies respiratoires sont plus grosses pourraient être plus aptes à résister aux effets néfastes du tabagisme. Cela étant dit, compte tenu des nombreux problèmes de ²õ²¹²Ô³Ùé attribuables au tabac, il demeure d’une importance capitale de cesser de fumer. »

L’équipe de chercheurs s’est également penchée sur le pronostic des patients atteints de la MPOC associée à un ratio voies respiratoires /taille des poumons plus faible; elle a découvert que la diminution de la fonction pulmonaire de ces personnes était beaucoup plus lente, comparativement à celle des personnes chez qui le ratio voies respiratoires /taille des poumons était plus grand.

« Chez les patients atteints de MPOC souffrant de dysanapsie, nous avons observé que le taux de diminution de la fonction pulmonaire était similaire à celui des personnes en ²õ²¹²Ô³Ùé, alors que la MPOC attribuable à d’autres causes, comme le tabagisme, est associée à une diminution plus rapide de la fonction pulmonaire », poursuit le Dr Smith.

Le Dr Smith espère que d’autres travaux de recherche visant à comprendre les causes de la dysanapsie pourront entraîner des interventions destinées à favoriser le développement de poumons sains pour la durée de la vie.

À propos des trois cohortes ayant participé à l’étude

L’étude MESA, menée dans six villes américaines, portait sur des personnes blanches, des Afro-Américains, des Hispano-Américains et des Sino-Américains ayant en moyenne 69 ans. Les participants à l’étude CanCOLD avaient en moyenne 67 ans et étaient originaires de neuf villes canadiennes. Enfin, l’étude SPIROMICS, menée dans 12 centres médicaux américains, portait sur des personnes ayant en moyenne 63 ans, qui affirmaient avoir à leur actif plus de 20 paquets-années en termes de consommation de tabac.

À propos de l’étude

L’étude "Association of dysanapsis with chronic obstructive pulmonary disease among older adults" a été conduite par Benjamin M. Smith, Miranda Kirby, Eric A. Hoffman, Richard A. Kronmal, Shawn D. Aaron, Norrina B. Allen, Alain Bertoni, Harvey O. Coxson, Chris Cooper, David J. Couper, Gerard Criner, Mark T. Dransfield, MeiLan K. Han, Nadia N. Hansel, David R. Jacobs Jr., Joel D. Kaufman, Ching-Long Lin, Ani Manichaikul, Fernando J. Martinez, Erin D. Michos, Elizabeth C. Oelsner, Robert Paine III, Karol E. Watson, Andrea Benedetti, Wan C. Tan, Jean Bourbeau, Prescott G. Woodruff, R. Graham Barr pour les études MESA Lung, CanCOLD et SPIROMICS.

Ces travaux ont été rendus possibles grâce au financement des National Institutes of Health (É.-U.), des Instituts de recherche en ²õ²¹²Ô³Ùé du Canada (IRSC), du Réseau canadien de recherche respiratoire (RCRR) et du Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS).

À propos de l’IR-CUSM

L’Institut de recherche du Centre universitaire de ²õ²¹²Ô³Ùé McGill (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la ²õ²¹²Ô³Ùé. Établi à Montréal, au Canada, l’Institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de recherche du Centre universitaire de ²õ²¹²Ô³Ùé McGill (CUSM) – dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 460 chercheurs et près de 1 300 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en ²õ²¹²Ô³Ùé évaluative aux sites Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la ²õ²¹²Ô³Ùé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS). ircusm.ca

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